Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/11/2016

HAROUN TAZIEFF ET LES SISMOGRAPHES EN FOLIE

Haroun Tazieff (1914-1998), géologue, volcanologue, ingénieur agronome, auteur de livres de vulgarisation et réalisateur de films documentaires, naquit à Varsovie, en Pologne. Son père venait du Turkestan et sa mère de Dvinsk, au sud des pays baltes. Il passa sa petite enfance en Géorgie où sa mère et lui faillirent mourir de faim dans l'Union soviétique naissante. Son père fut tué lors des premiers combats. La mère et l'enfant se réfugièrent en Belgique où Haroun fit ses études.

 

"Étudiant en agronomie et géologie à l'université de Bruxelles et de Liège, il découvre l'alpinisme sur les splendides falaises de la Meuse." (Jean Lacouture)

 

En 1948, il fut le témoin de sa première éruption volcanique, au Congo, sur la rive nord du lac Kivu, l'éruption du Nyamlagira. Une expérience foudroyante !

 

Pour Haroun Tazieff, de nationalité russe, puis naturalisé belge (ensuite naturalisé français), le roi des Belges Léopold III créa, en 1957, le Centre national de volcanologie. Tazieff sera, par la suite, à l'origine de l'Institut international de recherches volcanologiques à Catane, en Italie. 

 

Laissons sa femme, France Tazieff, nous parler de celui qui était surnommé Garouk.

[J'aimais me promener avec Garouk. Il m'émerveillait par sa connaissance des insectes et par la beauté qu'il découvrait en eux. J'ai aussitôt ressenti chez lui ce désir, qui l'animera toute sa vie, de partager son savoir et ses enthousiasmes.

Non seulement il était un athlète, un amoureux de la nature, un scientifique, mais il était aussi épris de peinture, au point d'avoir voulu y consacrer sa vie. À la fin de ses études d'agronomie, il avait passé près de vingt mois à peindre. Il avait renoncé quand il avait réalisé que, pour vivre de sa peinture, il fallait plaire. Or il tenait par-dessus tout à son indépendance.

Engagé volontaire dans l'armée belge, Garouk devait rentrer en Belgique. En partant, il me dit simplement : "Venez me voir à Bruxelles, je vous montrerai les peintures de nos musées."]

 

Venons-en à l'anecdote qu'Haroun Tazieff nous conte lui-même :

"Un jour, à l'Etna, n'ai-je pas vu des sismographes en folie tracer d'une aiguille rageuse d'invraisemblables secousses qui laissaient pantois le sismologue de service ? Burlesque phénomène qui, n'eût été ma curiosité pastorale, aurait pu faire l'objet d'une savante publication. Descendant le long de la piste qui menait aux appareils détecteurs, je découvris un troupeau de chèvres en train de brouter les câbles électriques reliant les enregistreurs ; toutes ces mesures nécessitant un matériel sophistiqué, souvent fragile et supportant mal un séjour aussi fumeux !"

 

(Bibliographie : Haroun Tazieff, une vie de feu. Témoignages recueillis par France Tazieff et Jean Lacouture - Éditions Glénat, Grenoble, 2004).

 

(Écrit par Améthyste)

 

 

haroun tazieff,géologue,volcanologue,etna,éruption volcanique,sismographes,institut international de recherches volcanologiques

 

                                          Haroun Tazieff (Etna)

    Site : http://mountain.wilderness.pagesperso-orange.fr/garants/tazbis.htm

 

06/10/2016

LA POULE NOIRE D'ALBERT CALMETTE

Le bactériologiste français Albert Calmette (1863-1933), fut médecin de la Marine, fondateur et directeur de l'Institut bactériologique de Saigon. Il créa l'Institut Pasteur de Lille, puis devint sous-directeur de l'Institut Pasteur de Paris. Avec le vétérinaire et microbiologiste français Camille Guérin, il inventa la méthode de vaccination préventive de la tuberculose par le vaccin Calmette-Guérin, le B.C.G.

 


Albert Calmette est "de taille moyenne, élégant et soigné. Une moustache et une barbe légère lui donnent un aspect romantique. Il a des yeux étonnamment clairs." L'adolescent éperdu d'exotisme, le voyageur émerveillé est devenu un officier de marine instruit, un médecin dont la modestie cache la supériorité dans maints domaines car "la chimie, la physique, la botanique, la zoologie, tout l'intéresse. Dans son travail comme dans sa vie privée tout est ordonné et clair. Ce qu'il apprend, il le note d'une plume alerte sur des fiches qu'il classe aussitôt."

 

 

En Indochine, le savant, cet homme méticuleux et pondéré qui cherchait comment combattre l'action des venins, laissa exploser un jour une profonde colère.

"Depuis des siècles, les Chinois et les Indiens d'Amazonie usent de l'écorce de certains arbres ou de noix de cédron contenant de la strychnine comme antidote des venins.
Au Mexique, certains Indiens "curados de culebras" ont le privilège de pouvoir être mordus par les plus venimeux des serpents, les crotales, sans aucun dommage.
Leur "mithridatisation" comporte des rites compliqués : l'absorption des tubercules d'une plante toxique appelée "mano de sapo", et une série de onze inoculations minimes faites alternativement à droite et à gauche, en se servant de la dent d'un crotale tué un vendredi. Sans doute les charmeurs de serpents de l'Égypte, de Tunisie et de l'Inde détiennent-ils des secrets de même ordre. En France, les chasseurs de vipères de la Creuse ou du Jura se font mordre impunément. [...]
Depuis qu'ils savent ce qu'est son laboratoire, les indigènes lui apportent volontiers les reptiles qu'ils capturent. Il lui passera par les mains, après le
Naja Tripudians, un nombre invraisemblable de serpents dangereux qu'on lui expédie du monde entier : des serpents à lunettes d'Asie, des serpents à sonnette d'Amérique du Nord, des vipères "fer de lance" de la Martinique, des najas d'Égypte, des vipères à cornes, des serpents bananiers d'Indochine, des vipères de France, des scorpions."

 

 

 

Albert Calmette conte cette anecdote : "Dans mon laboratoire de Saïgon, le premier animal vacciné auquel je pus faire supporter plusieurs doses mortelles de venin fut une poule noire que je conservai précieusement. Un beau matin, en arrivant au laboratoire, mes aides indigènes m'apprennent que cette poule, avec quelques autres, avait été volée pendant la nuit. J'en éprouvai une grande irritation, je fis aussitôt savoir dans mon entourage que cette poule était empoisonnée, et que celui qui la détenait s'exposait aux pires calamités... Le lendemain, au petit jour, la poule noire avait réintégré sa volière, et c'était bien la même, car elle se montrait réfractaire à l'intoxication venimeuse."

 

 

 

 
Ce succès immunologique eut donc lieu grâce à son sens de la psychologie jouant sur la peur ancestrale des malédictions...

 


(Bibliographie : Albert Calmette et le B.C.G. par Roger Kervran. Hachette, 1962).

 

calmette_albert.jpg


                                        Albert Calmette.

29/09/2016

SIR A. FLEMING, CHERCHEUR SILENCIEUX

Sir Alexander Fleming (1881-1955), médecin et bactériologiste écossais, en étudiant les propriétés d'une moisissure classée dans le genre penicillium observa qu'elle sécrétait une substance : la pénicilline.

 


Ce chercheur scientifique reçut le prix Nobel de médecine en 1945 avec sir Howard Walter Florey, médecin australien, et Ernst Boris Chain, physiologiste britannique d'origine allemande, qui, en isolant chimiquement la pénicilline, permirent la production industrielle de cet antibiotique.

 


Le professeur Fleming, homme indépendant, loyal, modeste et réservé, cachait un humour étonnant derrière ses célèbres silences :
"Il est curieux de se représenter l'entrée de Fleming, jeune Écossais circonspect, dans ce groupe disert et brillant. Loin d'être inférieur aux autres membres de l'équipe, il arrivait chargé de diplômes et de médailles, étudiant hors de pair, mais sa capacité de silence semblait infinie. "Il pouvait, dit Freeman, être plus éloquemment silencieux qu'aucun homme que j'aie connu. Il ne se livrait jamais. En des moments de colère, il m'est arrivé de lui dire qu'il était totalement idiot, ou autre épithète insultante. En réponse, Fleming se bornait à me regarder avec son sourire à la Joconde, à peine perceptible, et je savais que c'était lui qui avait eu le dessus en cette rencontre." [...]
À l'heure du thé, diurne ou nocturne, il rejoignait la "famille" dans la petite pièce appelée
bibliothèque
, ce qui était un titre de courtoisie car elle ne contenait pas de livres. Là Wright, massif et broussailleux dans son fauteuil, jouait un rôle de père victorien. Il présidait, assis derrière un bureau ; les autres s'entassaient sur un divan ou s'asseyaient autour de lui. Ses disciples semblaient le considérer comme un immense phénomène naturel. Un Français, le docteur Robert Debré, lorsqu'il visita Saint Mary's, vit avec surprise, tandis que Wright discourait, le petit Fleming s'approcher adroit et grave, et piquer sans mot dire l'auguste doigt afin de prélever une goutte de sang, pour contrôle, tandis que Wright, sans même prêter attention à ce rite, continuait sa phrase."

 

 

 

(Bibliographie : La Vie de sir Alexander Fleming par André Maurois de l'Académie française. Hachette, 1959).

 

 

 

C'est une biographie passionnante que j'aime lire et relire...

 

 

fleming_alexander.jpg


                                   Sir Alexander Fleming.

01/09/2016

HENRI LABORIT, ENFANT TERRIBLE DE LA RECHERCHE MEDICALE

Henri Laborit (1914-1995), dont les découvertes transformeront la médecine contemporaine, s'intéresse, entre autres, à une molécule : la chlorpromazine qui deviendra le principe du premier "tranquillisant" du monde. Ce passionné de biologie a une "âme de flibustier" et ne peut qu'être attiré par cette science encore récente en 1945.

 

Auteur de recherches sur les problèmes biologiques du comportement humain et sur l'hibernation artificielle, il "aspirait à devenir peintre ou poète sans songer toutefois à révolutionner l'expression artistique de son époque."

 

 

Mais voici une anecdote qui démontre le caractère frondeur de celui que l'on nommera le père de la "neuropsychopharmacologie" :



"Les Américains sont arrivés en Afrique du Nord et j'ai été désigné pour Oran à l'infirmerie de la caserne du port. Je dépendais d'un médecin-chef. Ce ne sont pas des mauvais bougres ces gars-là, ce sont des insuffisants techniques, ce qui est dramatique. J'avais une salle à l'hôpital militaire où j'opérais bénévolement des marins, ce qui a déplu à mon supérieur. Ne lui plaisait pas non plus que le matin je me lève à 6 heures pour monter à cheval et que j'arrive en bottes à l'infirmerie. Il voyait rouge. Un beau jour, on me convoque à la direction et on me dit : la seule chose qu'on vous demande actuellement, c'est d'être un bon médecin-major. Après la guerre vous ferez de la chirurgie. [...] Je rentre en période maniaque et peu de temps après j'apprends que le directeur du service de Santé doit passer par l'infirmerie de la caserne. Je vais aussitôt trouver un vieux second maître que j'avais vu plusieurs fois le dimanche sur le bout de la digue pêcher avec un grand chapeau de paille, une canne et une boîte à asticots verte. Je lui demande de me prêter ses instruments. À une heure de l'après-midi, je me mets à la porte de l'infirmerie en uniforme, avec le chapeau de paille, la boîte d'asticots en bandoulière et la canne à pêche à la main gauche comme une hallebarde. La voiture du médecin-général stoppe devant l'infirmerie, j'ouvre la porte et je présente les armes avec ma canne à pêche. J'ai cru qu'il allait avoir un infarctus. Il me dit de prendre les arrêts."

 

 

Le grand public découvrira Henri Laborit par ses livres, qui connurent une importante diffusion, publiés à partir de 1968, et surtout grâce au film d'Alain Resnais : Mon Oncle d'Amérique.

(Bibliographie : L'Alchimie de la découverte par Fabrice Rouleau / Henri Laborit. Éditions Grasset et Fasquelle, 1982).

 

henri laborit,recherche médicale,problèmes biologiques du comportement humain,neuropsychopharmacologie,mon oncle d'amérique

 

                                          Henri Laborit.

 

04/09/2012

LES ETOURDERIES D'AMPERE

Le physicien André Marie Ampère (1775-1836), qui inventa le télégraphe électrique et donna son nom à plusieurs unités de mesure SI, théories, méthodes et à un instrument gradué en ampères, était d'une grande étourderie.


Combien de cochers, lors des déplacements du savant, ne prêtèrent-ils pas leur dos, revêtu d'un paletot sombre, à la craie d'Ampère qui, prenant ce dos pour un tableau noir, s'empressait d'y tracer les chiffres et signes objets de ses profondes réflexions ?



Voici une anecdote mettant en scène les deux chats d'André Marie Ampère, plus précisément une chatte et son chaton. Souvent, les deux aimables félins, devant la porte du bureau s'ouvrant sur le jardin, miaulaient pour aller jouer avec les papillons. Ampère interrompait ses recherches et autres raisonnements.



Il décida donc de percer... deux chatières dans sa porte. Logique, n'est-ce pas ? une grande chatière pour la chatte et une petite pour le chaton ! Il se mit à l'ouvrage et, ravi de l'autonomie ainsi offerte à ses compagnons, les observa.


Il me plaît d'imaginer que, pendant plusieurs semaines encore, le chaton qui faisait mine de suivre sa mère passant par la grande chatière, se retournait vers Ampère perplexe, rebroussait chemin, s'entortillait câlinement autour de l'une des chevilles de notre homme de science et, en un bond gracieux, empruntait la petite chatière pour qu'Ampère, rasséréné, puisse retourner à ses travaux !

 

Ampere.jpg

 

                                   André Marie Ampère.