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27/11/2012

"DELICATESSE" DE PAUL VERLAINE

    "Délicatesse

 

Tu nous rends l'égal des héros et des dieux,
Et, nous procurant d'être les seuls dandies,
Fais de nos orgueils des sommets radieux,
Non plus ces foyers de troubles incendies.

 
Tu brilles et luis, vif astre aux rayons doux,
Sur l'horizon noir d'une lourde tristesse,
Par toi surtout nous plaisons au Dieu jaloux,
Choisie, une, fleur du Bien, Délicatesse !

 
Plus fière fierté, plus pudique pudeur
Qui ne sais rougir à force d'être fière,
Qui ne peux que vaincre en ta sereine ardeur,
Vierge ayant tout su, très paisible guerrière.

 


Musique pour l'âme et parfum pour l'esprit,
Vertu qui n'es qu'un nom, mais le nom d'un ange,
Noble dame guidant au ciel qui sourit
Notre immense effort de parmi cette fange."


(Verlaine).

 

(Présenté par Améthyste)

  

waterhouse_boreas.jpg



                           "Boréas" de John William Waterhouse.

Commentaires

Enfin Verlaine vint - pour une fois, ce n'était pas Malherbe !! - qui, dans son " Art poétique", - alors que pétris de Racine et de Corneille, nous pensions naïvement, adolescents qui découvrions la poésie, que l'alexandrin constituait le tout de la versification -, proclama :

"De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair,
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose."

Cette petite introduction, Améthyste, pour simplement attirer l'attention de vos lecteurs sur, non pas le fond - que pourtant je mettais en évidence il y a peu -, mais sur la forme de ce poème que vous nous offrez aujourd'hui.

Révolution dans les salons littéraires, le vers impair bellement ciselé par Verlaine pouvait donc également plaire et "faire poème" ?
Et oui : que vos lecteurs comptent sur leurs doigts, aussi bizarre que cela leur paraisse, aucun n'est ici de douze pieds mais bien de onze !!

Et tout aussi bizarre, le rythme n'en semble point bancal.

Du grand art, à nouveau !

Écrit par : Richard LEJEUNE | 01/12/2012

En effet, le rythme de ces vers est loin de paraître bancal ! Fascinée par le fond, j'en aurais oublié la forme si vous ne nous aviez rappelé, Richard, - car je suis plutôt réfractaire aux chiffres - que les vers de "Délicatesse" comptent onze pieds !
Merci une fois encore pour l'intérêt qu'apportent à ce blog vos commentaires toujours si vivants et passionnants. Combien vos étudiants ont dû se "régaler" et vous écouter attentivement !

Écrit par : Améthyste | 05/12/2012

Depuis que j'ai ici brièvement attiré l'attention sur cette forme particulière, Améthyste, je me suis, grâce à vous et à cette impulsion que vous donnez à vos lecteurs de poursuivre la (re)-découverte d'un auteur, replongé dans mon volume des oeuvres complètes de Verlaine et me suis mis à quelque peu compter - même si la finalité de semblable ouvrage ne réside nullement dans cette "prosaïque" comptabilité.

J'y ai découvert que le poète a joué plus que très souvent de son amour pour l' "Impair", comme il l'écrivait dans le deuxième vers de son Art poétique ci-dessus : en effet, font florès des poèmes avec des vers de 3, 5, 7 et 9 pieds, de 11 aussi, bien sûr, comme dans "Délicatesse", et même de 13 !!

Et je puis vous assurer que, récités à haute voix, ces derniers le peuvent disputer aux plus beaux alexandrins ...

Écrit par : Richard LEJEUNE | 05/12/2012

Je ne sais si les poètes sont nombreux à préférer "l'Impair", mais Verlaine était certainement un Maître en la matière !
De découverte en découverte, vos commentaires sont bien passionnants, Richard, et ce blog s'en trouve comblé de joie !

Écrit par : Améthyste | 07/12/2012

Les commentaires sont fermés.