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20/12/2012

"LE VIERGE, LE VIVACE..." DE STEPHANE MALLARME

"Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui...

 

 

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui !

 


Un cygne d'autrefois se souvient que c'est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n'avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l'ennui.

 

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l'espace infligé à l'oiseau qui le nie,
Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.

 

Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s'immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne."

 

(Stéphane Mallarmé).

 

 

(Présenté par Améthyste)

 

 

asselyn_cygne.jpg

 


"Le Cygne menacé" ou "le Cygne en colère" (1650) de Jan Asselyn. 

Commentaires

Sur ce très fameux sonnet, que je trouve si beau, entre autres, parce qu’il est en grande partie construit sur la voyelle « i », (voyelle qui illumine aussi les prénoms choisis pour mes enfants Ines et Niels), je ne m’attarderai qu’un tout petit peu...

Juste le temps, et en toute modestie – car je n’ai aucune compétence pour me permettre d’analyser un tel bijou de poésie et les sites internet qui le font à merveille foisonnent -, de mettre en exergue ce parallèle que le poète établit entre le cygne face au lac dur et le poète face à la feuille vierge, ces thèmes chers à Mallarmé de la « virginité » ou ambition de pureté du poète, et de la « stérilité » ou difficulté de composer qu’il éprouvait souvent !

Juste le temps de vous communiquer ce bien intéressant lien vers un rapport de l’Académie Royale de Langue & de Littérature Françaises de Belgique qui nous parle de « Mallarmé et la Belgique » :
http://www.arllfb.be/bulletin/bulletinsnumerises/bulletin_1953_xxxi_03.pdf

Juste le temps de vous dire encore que, à défaut de pouvoir puiser dans une bibliothèque personnelle bien achalandée, je n’ai d’autre choix que de consulter sur internet les trésors du musée d’Orsay, qui détient le célèbre portrait de Mallarmé peint par Manet.

Juste le temps de vous confier enfin, et surtout, que j'ai pu ainsi contempler et admirer (en excellente qualité numérique autorisant d’efficaces agrandissements) cet étonnant cygne apeuré (autant apeuré, me semble-t-il, que menacé ou en colère ?) dans ses moindres détails... C’est sans doute avec justesse que vous parliez le 17 août dernier, à propos de cette toile, d’ « un oiseau défendant sa couvée contre le chien qui nage vers elle »... : un chien que l’on doit pourtant un instant rechercher sur la toile avant de le distinguer avec peine, peu visible et discrètement peint !

Écrit par : Jean-Claude | 21/12/2012

Jean-Claude, je trouve, moi aussi, très beau ce poème qui glace tous les sens, cette illusion d'un bel aujourd'hui vivace qui délivrerait, par la magie d'une incertaine tentative, d'une agonie chaque hiver renouvelée, des fantômes dont le seul tort fut de refuser l'exil.
Certes, je comprends ces vers à ma manière, plus précisément je les comprends ainsi que je le veux bien. Je les lis et les ressens sans désirer, exceptionnellement, les analyser tant la tâche me paraît ardue.
Merci d'avoir souligné l'utilisation de la voyelle "i".
Je vais mettre à profit ce "ralentissement" du temps qu'apportent les Fêtes pour relire le lien que vous indiquez.

Merci, Jean-Claude, pour votre commentaire.

Écrit par : Améthyste | 22/12/2012

Ruons férocement dans les brancards.
Personnellement - et s'il ne devait qu'en rester un, je serais celui-là - : je n'aime pas Mallarmé !

En règle générale, je trouve que les poèmes les plus souvent proposés ne peuvent se réciter : personne n'y comprendrait rien à la seule audition !

Celui que vous avez choisi, Améthyste, fait partie de ceux pour lesquels il y a pléthore de commentaires, de tentatives d'explications, d'interprétations, brillantes, certes, mais s'opposant entre elles sur le sens réel à donner au texte.
Il y a quelque chose qui me gêne, là, dans ce cheminement de pensée !

Donnant lieu à de savantes controverses, que de pages écrites pour chacun défendre son point de vue ! Que de gloses ! Que d'exégèses !

Où réside, dès lors, la poésie, celle qui devrait être fluide ? Où réside le sentiment relationnel si important à mes yeux de communion entre un lecteur et un poète, s'il faut d'abord décrypter avant d'être sincèrement touché par la beauté des mots ?

Réciter du Mallarmé sur une scène est un exercice périlleux : le public se demandera toujours de quoi l'on parle !

Si pour le comprendre, - et c'est ici le cas -, il faut avoir lu tous les commentateurs qui se sont épuisés, sans s'entendre entre eux, à l'expliquer, je n'appelle plus cela de la poésie, mais de la grandiose incommunicabilité.

Et ce n'est pas un hasard - mais cela devient un épisode de l'histoire littéraire française, et non plus l'expression de mon ressenti personnel -, si Mallarmé est peu connu, sauf pour être la plupart du temps incompréhensible, peu lu, peu compris, partant, peu apprécié du grand public que nous sommes tous.

Et je n'aurai pas la cruauté d'évoquer - sommet de son hermétisme exacerbé - ceux de ses textes desquels il a banni toute ponctuation. Relisez notamment "A la nue ..." : ce poème octosyllabique vous paraîtra du sabir si vous n'avez pas pris la précaution d'avoir sous les yeux une anthologie avec nombre de notes explicatives à son sujet. Et malgré cela, il faudra vous "torturer les méninges" pour comprendre et relier entre eux sujets, verbes et compléments ...

(C'est ici : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/stephane_mallarme/a_la_nue_accablante.html)

Quand il s'agit d'une étude historique, par exemple, quand son auteur estime utile d'insérer des notes infrapaginales pour que ses lecteurs comprennent bien les tenants et les aboutissants de l'oeuvre, je n'y vois aucun inconvénient, bien au contraire. Mais quand il s'agit de poésie, alors que les mots, les sons, le phrasé devraient tellement couler de source pour poétiquement nous envahir, nous faire frissonner, non, je n'adhère plus.

Heureusement, quelques belles exceptions existent qui, seules, font de lui - à mes yeux à tout le moins -, un grand poète pour tous.
Elles sont malheureusement rares !

Tout cela posé, j'espère que je ne vous ai pas trop choquée, Améthyste, par mes propos qui vilipendaient bien plus qu'ils n'encensaient ...

Écrit par : Richard LEJEUNE | 21/12/2012

Richard, je n'ai lu, volontairement, aucune interprétation, aucune explication, proposée pour ce poème de Mallarmé. Je suis bien loin, aussi, d'avoir lu toute son oeuvre, mais ce poème-là me touche et je l'interprète ainsi que je le sens. Que m'importe que de savants personnages aient tant écrit sur Mallarmé ! Ils n'ont pas la même sensibilité que la mienne, leur compréhension d'un vers n'est pas nourrie de mon imaginaire... Bien sûr, si je décidais de lire leurs controverses, je respecterais certainement leurs points de vue, aussi divergents soient-ils, mais je persévèrerais dans ma vision de ce poème même si le fantôme de Mallarmé venait m'expliquer ce qu'il a voulu exprimer !

Merci pour le lien que vous indiquez. Je lirai attentivement ces pages... sans me "torturer les méninges", cette brutalité restant provoquée surtout par les chiffres en ce qui me concerne.

Permettez-moi, Richard, d'éprouver le frissonnement dont vous parlez lorsque je lis ce poème, même si cette interprétation, brièvement relatée dans ma réponse au commentaire de Jean-Claude, interprétation qui n'appartient qu'à moi, horrifie plus d'une personne !
Quant à me choquer, c'est très difficile, car, mon humour venant toujours à la rescousse, j'ai espéré, en souriant, que vos "propos qui vilipendaient..." s'adressaient à ma présentation de ces vers... et non à Améthyste !

Écrit par : Améthyste | 22/12/2012

Toute petite mise au point, si vous le permettez, Améthyste : ce n'était ni à vous ni à votre présentation que s'adressaient, dans mon chef, les verbes "vilipender" et "encenser" mais, comme annoncé d'emblée et amplement développé tout au long de mon commentaire, à Mallarmé lui-même qui, comme je vous l'ai écrit par ailleurs, hier en l'occurrence, à la suite de l'article ancien que vous lui consacriez, ne peut être et ne sera jamais à mes yeux le "Prince des Poètes".

Écrit par : Richard LEJEUNE | 23/12/2012

Je l'avais très bien compris, Richard. Ce n'était qu'une pirouette de ma part face à une réponse qui s'avérait difficile !

Écrit par : Améthyste | 27/12/2012

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