01/09/2012
"EL DESDICHADO" DE GERARD DE NERVAL
"El Desdichado
Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la syrène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée."
(Gérard de Nerval).
"La Sirène" de John William Waterhouse.
15:11 Publié dans Poèmes | Tags : el desdichado, gérard de nerval, poème | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Le Soleil noir de la Mélancolie ...
Vous n'ignorez évidemment pas, cher Christian, que Nerval sacrifia lui aussi - comme bien d'autres à cette époque - à ce "Voyage en Orient" qui nous vaut de très nombreux ouvrages, non seulement superbes mais aussi très intéressants "ethonoliquement" parlant, qui traversent l'histoire littéraire française.
Dans un très beau texte intitulé "Un lever de soleil" (Nerval, "Voyage en Orient", Tome I : Europe centrale, Égypte, Paris, Julliard Littérature, 5, 1964, p. 179), le poète écrit - et vous comprendrez tout de suite la raison pour laquelle je vous invite ici à le lire :
"Le soleil noir de la mélancolie, qui verse des rayons obscurs sur le front de l'ange rêveur d'Albert Dürer, se lève aussi parfois aux plaines lumineuses du Nil, comme sur les bords du Rhin, dans un froid paysage d'Allemagne. J'avouerai même qu'à défaut de brouillard, la poussière est un triste voile aux clartés d'un jour d'Orient."
Écrit par : Richard LEJEUNE | 10/09/2012
Bonjour, Richard,
Oui, je savais en effet qu'après un premier internement, Nerval effectua un périple en Turquie et en Egypte où il conçut son "Voyage en Orient".
Écrit par : Christian JOUGLA | 12/09/2012
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