07/03/2019
CEZANNE ET SES POMMES DANS UN CERISIER
Paul Cézanne s'emportait facilement et passait quelques-unes de ses colères sur ses toiles qu'il perçait à coups de couteau à palette. Son fils, alors qu'il était tout enfant, participait gaiement à cette destruction.
"Il y faisait des trous, à la grande joie de son père : - "Le fils a ouvert les fenêtres et les cheminées; il voit bien, le petit bougre, que c'est une maison !"
Dans son entourage, on avait un tel respect pour le peintre, que lorsqu'il laissait dans le jardin, ou jetait sur le poussier, dans son atelier, une toile lacérée, on veillait à ce qu'elle fût mise au feu. Aussi peut-on citer comme un cas unique le sauvetage d'une Nature morte que Cézanne avait jetée par la fenêtre et qui resta longtemps accrochée à la branche d'un cerisier. Comme on avait vu Cézanne rôder autour de l'arbre, armé d'une gaule, on pensa qu'il avait l'intention de "reprendre" son tableau, et l'on se garda d'y toucher.
J'assistai au décrochage de la toile. Je me promenais dans le jardin avec Cézanne et son fils; le peintre, qui marchait à quelques pas en avant, la tête un peu inclinée, se retourna tout à coup, et s'adressant à son enfant : "Fils, il faudrait décrocher les Pommes. J'essaierai de pousser cette étude !" (Ambroise Vollard).
(Bibliographie : En écoutant Cézanne, Degas, Renoir par Ambroise Vollard. Préface de Maurice Rheims de l'Académie française. Éditions Bernard Grasset, 1938).
Nature morte aux pommes et aux oranges (1895-1900) par Paul Cézanne.
Une autre nature morte "Rideau, cruchon et compotier" a atteint cinquante-deux millions d'euros dans une vente aux enchères, en 1999.
Mais voici d'autres fruits, peut-être défendus ceux-là...
Baigneuses (1874-1875) par Paul Cézanne.
17:47 Publié dans Peinture, Vagabondages littéraires et artistiques | Tags : paul cézanne, pommes, nature morte aux pommes, baigneuses, cerisier | Lien permanent | Commentaires (0)
04/01/2019
"LE PONT DE MAINCY" PAR CEZANNE
Paul Cézanne vient de voir, une fois encore, ses toiles refusées au Salon. Il quitte Paris pour s'installer quelque temps à Melun. Dans un bois tout proche où il éprouve une impression d'intemporalité rassurante, il aime s'arrêter près d'un pont sous lequel dort une eau paisible entre des rives bordées d'arbres qui lui paraissent immuables.
Ce paysage tranquille convient au tempérament de Cézanne qui va peindre un tableau d'une rare fraîcheur : le Pont de Maincy (1879). L'équilibre de l'espace et des formes est saisissant. La facture directe, composée de hachures en biais, semble inspirée des dessins de Pissarro. Reproduire la réalité ne suffit pas à Cézanne, il la recrée. "Dans la peinture, il y a deux choses : l'œil et le cerveau", dit-il, "tous deux doivent s'entraider."
Le Pont de Maincy par Paul Cézanne.
17:04 Publié dans Peinture | Tags : le pont de maincy, paul cézanne, peinture | Lien permanent | Commentaires (0)