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07/11/2012

APELLE, PEINTRE GREC DU IVe SIECLE AV. J.-C.

LA PEINTURE À TRAVERS LES ÂGES

 

 


Neuvième partie : APELLE, CÉLÈBRE PEINTRE DE L'ANTIQUITÉ

 



Si Apelle, peintre grec du IVe siècle avant notre ère, sort de l'anonymat qui, jusqu'à cet article de la série "La Peinture à travers les âges", recouvrait ici d'ombre les artistes évoqués par leurs seules réalisations, les œuvres d'Apelle, en revanche, ont toutes été perdues. Toutefois, nous les connaissons par la description qu'en fera le philosophe grec et grand voyageur Lucien de Samosate, deux siècles plus tard, dans ses Dialogues.

 



Une des peintures d'Apelle dont le souvenir persiste est "La Calomnie", allégorie née à la suite d'une injustice qui le frappa. Le peintre Antiphilos, très envieux et beaucoup moins doué que son confrère Apelle, accusa ce dernier d'avoir participé à une émeute dirigée contre le roi Ptolémée, les deux peintres travaillant à la cour. Apelle fut retenu prisonnier jusqu'à ce que l'un des vrais meneurs eût apporté la preuve de l'innocence du peintre.

 

 

Ptolémée réhabilita Apelle et lui donna son collègue Antiphilos comme esclave. Apelle qui ne parvenait pas à dominer les craintes suscitées par l'injustice dont il avait été victime, conçut "La Calomnie".

 


Avant que deux millénaires ne se soient écoulés, Botticelli réalisera, vers 1495, "La Calomnie d'Apelle" dont je vous parlerai très prochainement. Ingres, en 1827, dans sa toile "L'Apothéose d'Homère" représentera Apelle qui d'une main conduit Raphaël et de l'autre main tient ses pinceaux et sa palette.

 


Mais retrouvons Apelle que Philippe II, père d'Alexandre III le Grand, manda à la cour de Macédoine. Notre peintre devint le portraitiste et l'ami d'Alexandre. Ne pouvant vous présenter aucune œuvre d'Apelle, j'ai choisi une mosaïque romaine, réalisée 100 ans avant notre ère, représentant Alexandre le Grand. J'aime imaginer que les artistes se sont inspirés des portraits peints par Apelle trois siècles plus tôt.

 


(Bibliographie : Botticelli par Barbara Deimling. Édition particulière pour Le Monde. Taschen GmbH, 2005).

 

(Écrit par Améthyste).

 

(À suivre).

 alexandre_mosaique.jpg


                     Alexandre le Grand sur son cheval Bucéphale
          (détail de la mosaïque romaine de Pompéi, 100 ans av. J.-C.,
représentant la bataille d'Issos, Musée national archéologique de Naples).

 

Commentaires

Etonnante histoire d'une époque bien révolue (à la nôtre, il est difficile de croire qu'une collection complète d'oeuvres d'un artiste puisse disparaître à tout jamais...) que vous nous contez ici, non sans exciter mon habituelle curiosité.

Je reviendrai lire votre présentation de "la calomnie d'Apelle", une oeuvre tellement mouvementée – ma curiosité a déjà pris les devants - qu'il est malaisé de l'imaginer dans la réalité !

N'est-ce pas là la force, justement, d'un grand Maître comme Botticelli, qui réussit à métamorphoser une description écrite en une scène peinte avec les poils de ses pinceaux ?
Et sans doute, le talent de l'écrivain qui décrivit deux siècles plus tard cette scène était-il immense ...

Écrit par : Jean-Claude | 09/11/2012

A l'inverse d'autres artistes de l'Antiquité restés anonymes, le nom d'Apelle a vécu par-delà les siècles. A notre époque, même si le peintre décidait lui-même de détruire ses toiles, celles déjà achetées seraient là pour témoigner de son existence et le rappeler à notre mémoire.
"La Calomnie d'Apelle" de Botticelli, "une oeuvre tellement mouvementée" comme vous l'écrivez si justement, comporte, en effet, une profusion d'allégories.

Écrit par : Améthyste | 10/11/2012

Il ne me paraît nullement étonnant que les oeuvres d'Apelle soient perdues dans la mesure où il ne reste quasiment rien de la peinture grecque - j'entends par là plus spécifiquement les oeuvres murales - d'avant l'époque hellénistique proprement dite.

Il en fut d'ailleurs de même, vous ne l'ignorez pas, Améthyste, de la statuaire qu'en définitive nous ne connaissons que par les magistrales répliques qu'en firent les Romains, grands admirateurs de l'art grec classique.

Et je pense bien évidemment ici à l'immense Praxitèle - auquel le Louvre, au printemps 2007, consacra une remarquable et fort intéressante exposition qui mettait précisément l'accent sur ce phénomène - Jean-Claude a raison de le souligner - qui reste pour nos esprits contemporains parfaitement incompréhensible : la disparition quasi complète de ses propres oeuvres.
(Celles de Praxitèle, pas de Jean-Claude !!)

Heureusement que, comme pour Apelle et tant d'autres artistes, quelques grands auteurs, Pausanias ou Pline l'Ancien dans le cas de Praxitèle, établirent des listes d'oeuvres sorties d'ateliers romains spécialisés qui utilisaient les empreintes prises à même les originaux pour réaliser les copies.

Mais il n'empêche que beaucoup (trop) d'oeuvres grecques, en peinture comme en sculpture, (trop) de monuments aussi ont irrémédiablement disparu de la mémoire de l'Art ...

Écrit par : Richard LEJEUNE | 09/11/2012

Je suis heureuse de vous lire de nouveau, Richard !
Praxitèle fut, en effet, un immense sculpteur grec du IVe siècle avant notre ère, dont la subtilité du modelé, la grâce des sculptures, la finesse de leurs "mouvements" et poses créèrent un véritable renouveau de l'art classique.

Écrit par : Améthyste | 10/11/2012

Alexandre le Grand ... Ses batailles et conquêtes ; son intelligence politique : en s'opposant à la Grèce, il a imposé la Macédoine antique en tant que royaume ...

Son compagnon Bucéphale ... avec son front large, ses naseaux courts et écartés : une tête en forme de taureau, dit-on ...

Je viens de découvrir à leur sujet ce projet controversé - la construction puis l'installation en juin 2011 d'une statue nommée « le guerrier à cheval » d'Alexandre le Grand sur son cheval Bucéphale – qui sème la discorde entre Skopje et Athènes.
D'une hauteur de 12,5 m et d'un poids de 30 tonnes, la statue en bronze sculptée en Italie aurait coûté la bagatelle de 9 M€ à ce pays (qui compte parmi les plus pauvres d’Europe) et se dresse sur un piédestal haut de 10 m dans la capitale, Skopje.

Plus encore, surtout, Skopje et l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) - tel est le nom sous lequel elle est reconnue à l'ONU depuis 1991, dans l'attente que les deux pays voisins s'accordent sur une médiation, puisque la Grèce refuse de la reconnaître sous le nom "Macédoine" - , revendique haut et fort une filiation historique avec Alexandre le Grand, alors que la Grèce considère au contraire ce roi hellénisé de Macédoine comme faisant partie de son patrimoine historique et culturel.

Écrit par : Jean-Claude | 13/11/2012

Merci, Jean-Claude, de relater la discorde provoquée par cette colossale statue d'Alexandre le Grand sur son cheval Bucéphale.

"Alors, tirant légèrement de côté et d'autre le mors avec les rênes, Alexandre modéra Bucéphale sans le frapper ni lui déchirer la bouche. Puis, voyant qu'il abandonnait son attitude menaçante et qu'il avait envie de courir, il le lança à bride abattue en le pressant d'une voix plus hardie et en le frappant du talon." (Plutarque).
C'est dans son adolescence que le futur roi dompta Bucéphale...

Dans "Alexandre le Grand de la Grèce à l'Inde" de Pierre Briant(Découvertes Gallimard - Edition Elisabeth de Farcy), je relève :
"Alexandre le Grand au regard de l'Histoire :
un héros pour les Grecs et les Romains,
un prophète pour les Arabes,
un mythe pour les Occidentaux."

Toujours dans ce même ouvrage, je lis que les découvertes archéologiques (1977) des "tombes royales" de Vergina ont été utilisées dans le débat idéologique et polémique sur l' "hellénisme" des Macédoniens anciens.

Encore merci, Jean-Claude, pour votre commentaire.

Écrit par : Améthyste | 23/11/2012

Les commentaires sont fermés.