15/12/2012
FRESQUES DE POMPEI
LA PEINTURE À TRAVERS LES ÂGES
Dixième partie : FRESQUES POMPÉIENNES
La ville italienne de Pompéi, en Campanie, près de Naples, fut bâtie au VIe siècle avant notre ère au pied du Vésuve par les Osques, ancien peuple de l'Apennin -chaîne de montagnes qui parcourt l'Italie-, et plus précisément de l'Apennin central. Elle tomba sous l'influence des Grecs, puis des Samnites, montagnards belliqueux qui soutinrent quatre guerres contre les Romains entre 343 et 290. Pompéi, alliée de Rome en 290, devint colonie romaine en 89 av. J.-C. Elle fut ensevelie sous d'épaisses couches de cendres lors d'une éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C.
Les fouilles archéologiques, entreprises dès le XVIIIe siècle, permirent de découvrir de nombreuses fresques datant du IIe siècle avant notre ère jusqu'à la destruction de la ville. Ces peintures murales sont classées en quatre styles :
Le premier est une imitation de revêtement de marbre. Le deuxième style, aux tendances fantastiques, apparu avec la conquête romaine, est composé d'architectures en trompe-l'œil, telles les peintures évoquant l'initiation aux mystères dionysiaques qui donnèrent à la villa des Mystères son nom. Le troisième, autour d'un tableau central, s'inspire de la peinture grecque. Le quatrième style, sous Néron, fait s'ouvrir la paroi en trompe-l'œil sur un monde imaginaire et romantique.
Le site de Pompéi est classé au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1997.
Voici deux peintures murales pompéiennes :
La première fresque est réalisée sur le mur du jardin de la maison de Vénus. La déesse, accompagnée de petits Amours et d'oiseaux, dans sa coquille-nacelle vogue paisiblement.
La seconde est le détail d'une fresque où une Ménade, compagne de Dionysos, chevauche un Centaure.
(À suivre)
(Écrit par Améthyste)
Fresque de la maison de Vénus, Pompéi.
"Ménade chevauchant un Centaure" (détail d'une fresque pompéienne)
(Photographie de Giorgio Sommer et d'Edmond Behles).
Commentaires
Dans un ouvrage collectif intitulé "Les mystères du gynécée", paru aux éditions Gallimard en 1998, le grand historien Paul VEYNE - celui-là même que vous avez pu voir, Améthyste, invité de marque à l'émission "La Grande Librairie" que François Busnel présentait, ce dernier jeudi, depuis la prestigieuse Galerie des Glaces du château de Versailles -, s'est ingénié, dans la magistrale étude qui ouvre le livre, "La fresque dite des Mystères à Pompéi", à savamment démystifier cette conception véhiculée depuis un siècle par historiens et archéologues qui veut que ces sublimissimes peintures sur fond de murs d'un rouge éclatant - rouge "pompéien", a-t-on coutume de l'appeler - seraient une allégorie des rites d'initiation à Bacchus/Dionysos.
Personne, semble-t-il, n'a voulu remarquer que tous les personnages représentés, hormis un jeune garçon, sont des femmes !!! ... que l'on sait exclues de tous les rituels grecs de l'époque.
Car, je le rappelle au passage, cette composition datant du Ier siècle avant notre ère, à l'instar d'ailleurs de la majorité des peintures de Pompéi, est une superbe copie d'un original grec disparu, d'un siècle ou deux auparavant, mais dont on retrouve traces sur de nombreux vases, de scènes réalisées pour les épousailles d'un dignitaire hellénistique.
De sorte que pour Paul Veyne, bien éloignées de tout mystère, ces peintures sont éminemment profanes et décrivent en réalité le cortège cérémoniel, au matin des noces, de la jeune fiancée quittant le gynécée maternel et arrivant dans celui de son futur époux.
Et l'illustre historien de puissamment développer sa séduisante démonstration de la page 15 à la page 153, que vous m'autoriserez, je pense, à ne pas reprendre ici, sauf ce court extrait qui, à mon sens, la résume parfaitement (p. 21) :
"Le salon de la villa pompéienne qu'elle décore n'a jamais servi à la célébration de Mystères, n'implique pas que le propriétaire de la villa était un initié et ne dénote même pas ses sentiments religieux. Comme presque tout l'art décoratif pompéien, elle faisait rêver les spectateurs à deux "mondes à souhait" : celui de la féminité et celui où la religion met quelque poésie dans la vie quotidienne."
Simplement, je vous invite Améthyste, ainsi que tous vos lecteurs, à lire cette passionnante remise en cause d'un monument de l'art pictural de l'Humanité.
Écrit par : Richard LEJEUNE | 17/12/2012
Merci, Richard, pour votre commentaire qui laisserait perplexes, s'ils lisaient ce blog (!), les illustres Membres de l'Académie française, eux qui m'inspirèrent, bien involontairement, la phrase en question : "Le deuxième style, aux tendances fantastiques, apparu avec la conquête romaine, est composé d'architectures en trompe-l'oeil, telles les peintures évoquant l'initiation aux mystères dionysiaques qui donnèrent à la villa des Mystères son nom."
Il est vrai que cette remise en cause défendue par Paul Veyne doit être passionnante mais aussi bien dérangeante pour les historiens et les archéologues...
Merci encore pour vos commentaires qui apportent des éclairages nouveaux et toujours bienvenus.
Écrit par : Améthyste | 18/12/2012
Tout autre chose : votre dernier article à la peinture égyptienne consacré portait le numéro 5 dans votre série sur l'art pictural.
Vous considérez ci-dessus, Améthyste, que celui sur Pompéi est le dixième.
Ai-je mal navigué au sein de votre blog et ai-je "perdu" quatre interventions sur ce sujet dans mes pérégrinations ? Ou, ayant parfaitement le plan d'ensemble de votre travail en tête, n'avez-vous pas encore publié les 6ème, 7ème, 8ème et 9ème pour diverses raisons qui vous sont personnelles ?
Écrit par : Richard LEJEUNE | 17/12/2012
Vous avez, au contraire, Richard, très bien navigué dans ce blog !
Ayant ajouté deux articles concernant l'art pictural en Egypte - le 4ème et le 5ème - alors que j'avais déjà publié quatre articles devant être classés chronologiquement après ces deux derniers, j'ai donc modifié leur ordre ainsi :
. 6. : "Les fresques de l'art étrusque",
. 7. : "Peinture sur bois dans la Grèce antique",
. 8. : "Polygnote, peintre grec du Ve siècle av. J.-C.",
. 9. : "Apelle, peintre grec du IVe siècle av. J.-C."
Nous sommes ainsi arrivés à ce 10ème article. Je mettrai à profit les vacances de fin d'année pour les reclasser dans un ordre logique et j'attendrai la fin de la première semaine de janvier pour un autre voyage virtuel en Egypte.
Ensuite, quatre dernières parutions dans la catégorie "la Peinture à travers les âges" sont prévues, dont une hors sujet, en guise de pause, puisqu'il s'agira de sculptures rupestres... qui m'ont touchée.
Mais d'ici la fin des vacances d'hiver, plusieurs poèmes enchanteront, je l'espère, les Visiteurs.
Écrit par : Améthyste | 17/12/2012
Merci Améthyste pour vos explications mais aussi d'avoir levé un coin du voile sur vos prochaines interventions : de fructueux dialogues déjà s'augurent de chacune d'elles ...
Écrit par : Richard LEJEUNE | 18/12/2012
Ah! la villa des Mystères... Quelle beauté ! J'ai adoré visiter Pompéi d'autant plus que j'y étais presque seule à me promener un matin d'automne dans les rues, ce qui assez rare et tout à fait impossible en été. Pompéi souffre de son succès et de son excès de touristes. Les professionnels de l'art poussent un cri d'alarme.
La visite de Pompéi se doit d'être complétée par le passage au musée d'histoire et d'archéologie de Naples qui est fantastique et recèle tous les trésors de - entre autres - Pompéi et Herculanum mais aussi beaucoup de chefs-d'oeuvre grecs de Paestum.
Écrit par : christiana | 18/12/2012
Voilà une visite de Pompéi, presque seule, en automne, qui ne peut qu'être inoubliable, en effet !
Merci de nous avoir suggéré, également, de visiter le Musée d'Histoire et d'Archéologie de Naples. Que de trésors à découvrir et redécouvrir !
Encore merci, Christiana, pour votre si intéressante intervention.
Écrit par : Améthyste | 19/12/2012
Les commentaires sont fermés.