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25/11/2012

"HARMONIE DU SOIR" DE BAUDELAIRE

 "Harmonie du soir


Voici le temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige.


Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;


Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !"

(Charles Baudelaire. Extrait des Fleurs du mal).

(Présenté par Améthyste)  

 

windflowers_waterhouse_1.jpg

                     "Windflowers" de John William Waterhouse.

Commentaires

Quelle tristesse de constater que, depuis cinq jours, personne encore ne s'est ici exprimé sur ce poème des Fleurs du Mal - et pas plus, si j'ai bien vu, sur le Verlaine qui le suit, que vous proposez à notre sensibilité, Améthyste.

La poésie n'intéresse-t-elle plus personne ?

Pourtant, dans la société qui est actuellement la nôtre, dans ce parcours à 250 kilomètres par heure que d'aucuns empruntent chaque matin - "métro, boulot, dodo", dit l'antienne populaire ! -, il serait plus que grand temps que l'on y revienne, que l'on s'y enfouisse, que l'on y puise la substantifique moelle qui nous permettra de continuer à vivre avec bonheur !

La poésie : le plus beau remède qui soit à la sinistrose ambiante !

Certes, l'on pourra me rétorquer qu'après ces grands que vous avez choisis, nos mots de petits pour les commenter n'ont pas vraiment droit de visite.

Et pourtant, je pense que même après semblable lecture, si le silence s'impose un instant, notre goût de la parole, voire d'un débat, doit reprendre ses droits.

Pour, par exemple, relever ici la forme du poème, sans paraphrase, évidemment, sans péroraison de Prof de Lettres, non plus.

Même si cette "Harmonie du soir" ne me paraît pas - avis tout personnel - la plus belle des pièces de Baudelaire dans ce célèbre recueil, je pense intéressant de relever cette composition très structurée, peu développée par ailleurs, qui veut que soit repris le deuxième vers d'une strophe en guise de premier de la suivante.

Et cela me gêne un peu : si par exemple je considère la poésie comme l'expression d'états d'âme, de ressentis, une construction aussi élaborée doit demander d'arrêter de s'épancher pour, un temps, penser au "labeur" d'écrire.

Je ne sais si je me fais bien comprendre, Améthyste : en fait, je veux simplement épingler que si l'on écrit d'un jet tout ce que nous éprouvons, devoir songer à la forme - ici, cette reprise d'un vers de strophe en strophe -, impose à brider notre pensée, impose à quelque peu préférer précisément cette forme au fond.

Écrit par : Richard LEJEUNE | 30/11/2012

Je ne m'attriste pas car je sais que si les Visiteurs ne se hasardent pas très souvent à écrire à la suite d'un poème, en revanche ils sont nombreux à les lire.
Souvent, nous retrouvons Baudelaire ici car je suis une inconditionnelle de cet immense poète qui, maîtrisant toutes les complexités de la prosodie, pouvait conjuguer harmonieusement fond et forme, et surtout ne jamais laisser brider son expression, à mon avis.

Un de mes grands amis, Professeur de Lettres classiques, à qui j'osai présenter un court poème, laborieusement écrit au prix d'une fiévreuse migraine, me dit : "Ecrivez plus avec votre coeur et moins avec votre cerveau." Je l'ai écouté religieusement... Mais, même si j'attache une véritable importance au fond, la forme, malgré tout, ne manque jamais de ressurgir très vite.

Ame ou cerveau ? Coeur ou cerveau ? Une fois encore, je n'ai pas de réponse... ou peut-être l'âme ouvrant le chemin et le cerveau la suivant immédiatement ? Finalement, deux compagnons de route inséparables...

Écrit par : Améthyste | 02/12/2012

D’emblée, lorsque j’entre chez vous, mon regard s’accroche à votre si esthétique bannière et y admire cette charmante Dame de « Windflowers », les bras chargés d’anémones délicatement cueillies, qui paraît... m’accueillir.
Sous le doux regard du « jeune artiste », l’une des 14 « figures de fantaisie » de Fragonard.
Sous le regard désespéré du « barde » solitaire de John Martin.

Lorsque j’entre chez vous, je sais que l’on y aime la littérature fantastique et, plus largement, tous les Arts...

En me promenant chez vous, j’aime contempler ces toiles choisies - qui comptent parmi les plus belles - de John William Waterhouse, célèbre pour ses tableaux de femmes inspirés de la mythologie et de la littérature, célèbre pour ses atmosphères romantique et symbolique...

J’aime retrouver ici, en parfaite harmonie avec Baudelaire, ces anémones de la triste et belle femme de « Windflowers » qui m'a précédemment accueillie. Déjà, « La Sirène » éclairait de sa beauté « El Desdichado » de Gérard de Nerval et la « Lady of Shalott » accompagnait merveilleusement les légendes de Dames blanches du Pays d’Oc ; sans oublier, bien sûr, le vent qui souffle sur « Boreas » illustrant Verlaine avec tant de délicatesse !

Merci pour tous ces chefs-d’œuvre que vous nous présentez !

Écrit par : Jean-Claude | 15/12/2012

Merci, Jean-Claude, pour ce si bel hommage aux délicates Dames de John William Waterhouse !
A votre regard d'artiste, la bannière de ce blog dévoile, par la grâce des images, je le perçois bien, de mystérieuses quêtes... que nous tentons de partager avec nos Visiteurs, Christian Jougla avec ses romans de littérature fantastique, moi avec des parutions principalement consacrées aux Arts.

Oui, j'aime J. W. Waterhouse, ce peintre dont les Dames si romantiques et si tristes peuvent illustrer tant de poèmes et de légendes.
Merci pour vos visites, et soyez persuadé que la Dame de "Windflowers" vous accueillera toujours en vous offrant un bouquet de fleurs.

Écrit par : Améthyste | 16/12/2012

L’amour est une fleur dont la vie est la tige,
Nos poèmes ne sont que vapeurs d’encensoirs ;
La fin est assombrie par la venue du soir,
Puis survient, dans la nuit, un semblant de vertige.

Nos poèmes ne sont que vapeurs d’encensoirs ;
Au plus profond des bois le son du cor s’afflige,
Puis survient, dans la nuit, un semblant de vertige,
Pour l’âme solitaire éternel reposoir

Au plus profond des bois le son du cor s’afflige,
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
Pour l’âme solitaire éternel reposoir ;
Le café refroidi au fond du bol se fige.

Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
De ce soir envoûtant je n’ai pas de vestige.
Le café refroidi au fond du bol se fige,
Le fils du charpentier dort dans son ostensoir.

Écrit par : Cochonfucius | 14/02/2013

Baudelaire vous inspira, Monsieur...
Et, à votre tour, magistralement, vous nous offrez, dans chacune de vos strophes, ces belles reprises de vos vers.

Je n'ai à ma disposition, hélas ! que ma prose studieuse et appliquée pour vous répondre : Merci, Monsieur !

Écrit par : Améthyste | 15/02/2013

Les commentaires sont fermés.