29/09/2016
SIR A. FLEMING, CHERCHEUR SILENCIEUX
Sir Alexander Fleming (1881-1955), médecin et bactériologiste écossais, en étudiant les propriétés d'une moisissure classée dans le genre penicillium observa qu'elle sécrétait une substance : la pénicilline.
Ce chercheur scientifique reçut le prix Nobel de médecine en 1945 avec sir Howard Walter Florey, médecin australien, et Ernst Boris Chain, physiologiste britannique d'origine allemande, qui, en isolant chimiquement la pénicilline, permirent la production industrielle de cet antibiotique.
Le professeur Fleming, homme indépendant, loyal, modeste et réservé, cachait un humour étonnant derrière ses célèbres silences :
"Il est curieux de se représenter l'entrée de Fleming, jeune Écossais circonspect, dans ce groupe disert et brillant. Loin d'être inférieur aux autres membres de l'équipe, il arrivait chargé de diplômes et de médailles, étudiant hors de pair, mais sa capacité de silence semblait infinie. "Il pouvait, dit Freeman, être plus éloquemment silencieux qu'aucun homme que j'aie connu. Il ne se livrait jamais. En des moments de colère, il m'est arrivé de lui dire qu'il était totalement idiot, ou autre épithète insultante. En réponse, Fleming se bornait à me regarder avec son sourire à la Joconde, à peine perceptible, et je savais que c'était lui qui avait eu le dessus en cette rencontre." [...]
À l'heure du thé, diurne ou nocturne, il rejoignait la "famille" dans la petite pièce appelée bibliothèque, ce qui était un titre de courtoisie car elle ne contenait pas de livres. Là Wright, massif et broussailleux dans son fauteuil, jouait un rôle de père victorien. Il présidait, assis derrière un bureau ; les autres s'entassaient sur un divan ou s'asseyaient autour de lui. Ses disciples semblaient le considérer comme un immense phénomène naturel. Un Français, le docteur Robert Debré, lorsqu'il visita Saint Mary's, vit avec surprise, tandis que Wright discourait, le petit Fleming s'approcher adroit et grave, et piquer sans mot dire l'auguste doigt afin de prélever une goutte de sang, pour contrôle, tandis que Wright, sans même prêter attention à ce rite, continuait sa phrase."
(Bibliographie : La Vie de sir Alexander Fleming par André Maurois de l'Académie française. Hachette, 1959).
C'est une biographie passionnante que j'aime lire et relire...
Sir Alexander Fleming.
12:18 Publié dans Anecdotes scientifiques | Tags : alexander fleming, médecin et bactériologiste, prix nobel de médecine, pénicilline, antibiotique | Lien permanent | Commentaires (0)
22/09/2016
"PAYSAGE AVEC LE BERGER..." DE CLAUDE LORRAIN
Paysage avec le berger de chèvres (1637) est une œuvre du début de la carrière de Claude Lorrain (Claude Gellée), peintre paysagiste très subtil.
Une atmosphère enchanteresse entoure le berger et son troupeau, les arbres, les fourrés, la cascade.
La lumière argentée baigne l'arrière-plan et s'infiltre entre les arbres. Le berger, figure imaginaire d'un passé lointain de l'Arcadie, rappelle les Bucoliques (37 av. J.-C.), recueil de poésie pastorale du poète latin Virgile qui s'inspira de Théocrite, auteur grec du IIIe siècle avant notre ère. La poésie pastorale était très appréciée au XVIIe siècle lorsque Claude Lorrain réalisa Paysage avec le berger de chèvres.
Paysage avec le berger de chèvres par Claude Lorrain.
16:12 Publié dans Peinture | Tags : claude lorrain, peintre paysagiste, paysage avec le berger de chèvres, poésie pastorale | Lien permanent | Commentaires (0)
15/09/2016
"PAYSAGE DE FORET MARECAGEUX" DE RUISDAEL
Jacob Isaacksz van Ruisdael, peintre néerlandais du XVIIe siècle, était un humaniste et un scientifique.
Son œuvre est un sommet de l'école paysagiste hollandaise et les peintres paysagistes romantiques du XIXe siècle lui doivent beaucoup.
Le Paysage de forêt marécageux exprime la vision désolée du peintre.
Paysage de forêt marécageux de Jacob van Ruisdael.
16:25 Publié dans Peinture | Tags : paysage de forêt marécageux, ruisdael, peintre néerlandais, humaniste, école paysagiste hollandaise | Lien permanent | Commentaires (0)
08/09/2016
"LA MORT DES OISEAUX" PAR FRANCOIS COPPEE
"La mort des oiseaux
Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois
À la mort d'un oiseau, quelque part dans les bois.
Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,
Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne,
Se balancent au vent sur un ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes
Dans le gazon d'avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?"
(François Coppée).
La Pie (1868-1869) par Claude Monet.
09:43 Publié dans Poèmes | Tags : la mort des oiseaux, françois coppée, poème | Lien permanent | Commentaires (0)
01/09/2016
HENRI LABORIT, ENFANT TERRIBLE DE LA RECHERCHE MEDICALE
Henri Laborit (1914-1995), dont les découvertes transformeront la médecine contemporaine, s'intéresse, entre autres, à une molécule : la chlorpromazine qui deviendra le principe du premier "tranquillisant" du monde. Ce passionné de biologie a une "âme de flibustier" et ne peut qu'être attiré par cette science encore récente en 1945.
Auteur de recherches sur les problèmes biologiques du comportement humain et sur l'hibernation artificielle, il "aspirait à devenir peintre ou poète sans songer toutefois à révolutionner l'expression artistique de son époque."
Mais voici une anecdote qui démontre le caractère frondeur de celui que l'on nommera le père de la "neuropsychopharmacologie" :
"Les Américains sont arrivés en Afrique du Nord et j'ai été désigné pour Oran à l'infirmerie de la caserne du port. Je dépendais d'un médecin-chef. Ce ne sont pas des mauvais bougres ces gars-là, ce sont des insuffisants techniques, ce qui est dramatique. J'avais une salle à l'hôpital militaire où j'opérais bénévolement des marins, ce qui a déplu à mon supérieur. Ne lui plaisait pas non plus que le matin je me lève à 6 heures pour monter à cheval et que j'arrive en bottes à l'infirmerie. Il voyait rouge. Un beau jour, on me convoque à la direction et on me dit : la seule chose qu'on vous demande actuellement, c'est d'être un bon médecin-major. Après la guerre vous ferez de la chirurgie. [...] Je rentre en période maniaque et peu de temps après j'apprends que le directeur du service de Santé doit passer par l'infirmerie de la caserne. Je vais aussitôt trouver un vieux second maître que j'avais vu plusieurs fois le dimanche sur le bout de la digue pêcher avec un grand chapeau de paille, une canne et une boîte à asticots verte. Je lui demande de me prêter ses instruments. À une heure de l'après-midi, je me mets à la porte de l'infirmerie en uniforme, avec le chapeau de paille, la boîte d'asticots en bandoulière et la canne à pêche à la main gauche comme une hallebarde. La voiture du médecin-général stoppe devant l'infirmerie, j'ouvre la porte et je présente les armes avec ma canne à pêche. J'ai cru qu'il allait avoir un infarctus. Il me dit de prendre les arrêts."
Le grand public découvrira Henri Laborit par ses livres, qui connurent une importante diffusion, publiés à partir de 1968, et surtout grâce au film d'Alain Resnais : Mon Oncle d'Amérique.
(Bibliographie : L'Alchimie de la découverte par Fabrice Rouleau / Henri Laborit. Éditions Grasset et Fasquelle, 1982).
Henri Laborit.