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24/07/2012

EMILE VERHAEREN, POETE GENEREUX

Émile Verhaeren (1855-1916), poète belge, tendre et truculent, sera successivement un poète naturaliste : "les Flamandes", puis mystique : "les Moines". En proie à une profonde crise spirituelle, il écrit les poèmes désespérés des "Soirs", des "Débâcles", des "Flambeaux noirs". Son désespoir se transforme en angoisse à tel point que ce poète, naturellement chaleureux et joyeux, atteint le bord du précipice où la raison semble devoir basculer et sombrer dans la folie : "les Campagnes hallucinées", "les Villes tentaculaires".

 


Mais ce colosse, déchiré entre la force et la fragilité qui s'affrontent en lui, échappe à sa tristesse et évolue vers le lyrisme social : "les Forces tumultueuses". C'est à ce moment-là, en 1902, que Stefan Zweig rencontre cet homme aux "cheveux couleur de rouille", aux yeux "couleur de mer". La personnalité d'Émile Verhaeren subjugue Zweig qui le nommera toujours "Maître".

 


"... l'homme vaut autant que l'œuvre, il est riche d'une force de vie et d'une tendresse hors du commun. Zweig appellera le temps passé près de lui, à l'entendre parler et rire, de ce rire aussi éclatant et contagieux que paraissent sombres ses rêves, et violentes ses tristesses, "les années d'apprentissage du cœur". Verhaeren n'est pas seulement poète, c'est un homme de chair et de sang, peut-être le premier que le jeune homme, confit en intellectualité, rencontre. Ce que Verhaeren lui découvre, par lui-même autant que par son œuvre, ce sont les "forces tumultueuses" de la vie. Il lui enseigne le premier de tous les arts, qui est de jouir des heures simples qui sont données à chacun. "Aimer le sort jusqu'en ses rages", a-t-il dit dans La Joie. [...] 


L'auteur des Flambeaux noirs est un poète du Nord. Il chante les brumes et les nuages, la pluie, la neige, le vent glacé qui souffle sur la campagne flamande, au bord de l'Escaut. Il trouve un écho à sa nature profonde dans les couleurs de son petit pays, miroir de ses rêves et de son âpre désir de bonheur."

 


Verhaeren est un sensuel qui laisse déborder le flux de ses passions et lâche la bride à ses émotions les plus profondes, les plus dangereuses, au risque de plonger dans le royaume des flambeaux noirs...

 

 

(Bibliographie : Stefan Zweig, l'ami blessé par Dominique Bona. Plon, 1996).

  

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              "Émile Verhaeren", portrait par Théo Van Rysselberghe.

 

 

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                        "La Lecture" (1903) de Théo Van Rysselberghe
                                    (En veston rouge : Émile Verhaeren).