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18/10/2018

STEFAN ZWEIG, UN HUMANISTE PASSIONNE

Stefan Zweig (1881-1942), écrivain autrichien, auteur dramatique, auteur de romans, de nouvelles et d'essais, poète, biographe, ami de Rainer Maria Rilke, de Freud et des grands pacifistes européens, explora l'enfer des sentiments troubles, des pulsions dévastatrices.

 


Il est une œuvre à laquelle Zweig consacra une multitude d'heures passionnées : sa collection de manuscrits d'écrivains et de musiciens célèbres, le "diamant pur" de sa bibliographie. "Il s'acharne à trouver les plus belles traces d'un travail de composition, traque la genèse de l'ouvrage, son lent accouchement, à travers les manuscrits originaux ou leurs brouillons. Écartant l'anecdotique, le superficiel, il devient chasseur de sens. Lui importe, sur la feuille blanche où une main d'artiste a écrit son message, la recherche de la forme, l'effort visible pour parvenir à la perfection. Il aime les manuscrits qui sont des moments étoilés où s'éclaire, dans sa spontanéité, sa joie ou sa souffrance, l'élan de la création. [...] Sa préférence va aux fragments, aux brouillons, aux esquisses, aux pages les plus corrigées, les plus tourmentées, celles qui portent la trace d'un combat avec les mots et les idées." 

 



Les musées lui envient sa bibliothèque de quatre mille catalogues ! "... ses trésors, amoureusement rassemblés, forment un tout, une sorte de Recherche des Riches Heures de l'Art." Voici quelques raretés figurant dans cette collection :


"une page des Cahiers de Léonard de Vinci ; le manuscrit des Origines de la tragédie de Nietzsche, dans une rédaction inconnue qu'il avait écrite pour Cosima Wagner ; un roman de Balzac "dont chaque page était un champ de bataille" ; un texte de Goethe à neuf ans, son dernier poème à quatre-vingt-deux ans et, magistrale, prise entre ce début et cette fin, une page in folio du Faust. Côté musique, le manuscrit des Chants tziganes de Brahms, de la Barcarolle de Chopin..."

 

 

La collection de Stefan Zweig sera dispersée et en partie détruite.

 

(Bibliographie : Stefan Zweig, l'ami blessé par Dominique Bona. Plon, 1996).


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                              Faust par Eugène Delacroix.

24/07/2012

EMILE VERHAEREN, POETE GENEREUX

Émile Verhaeren (1855-1916), poète belge, tendre et truculent, sera successivement un poète naturaliste : "les Flamandes", puis mystique : "les Moines". En proie à une profonde crise spirituelle, il écrit les poèmes désespérés des "Soirs", des "Débâcles", des "Flambeaux noirs". Son désespoir se transforme en angoisse à tel point que ce poète, naturellement chaleureux et joyeux, atteint le bord du précipice où la raison semble devoir basculer et sombrer dans la folie : "les Campagnes hallucinées", "les Villes tentaculaires".

 


Mais ce colosse, déchiré entre la force et la fragilité qui s'affrontent en lui, échappe à sa tristesse et évolue vers le lyrisme social : "les Forces tumultueuses". C'est à ce moment-là, en 1902, que Stefan Zweig rencontre cet homme aux "cheveux couleur de rouille", aux yeux "couleur de mer". La personnalité d'Émile Verhaeren subjugue Zweig qui le nommera toujours "Maître".

 


"... l'homme vaut autant que l'œuvre, il est riche d'une force de vie et d'une tendresse hors du commun. Zweig appellera le temps passé près de lui, à l'entendre parler et rire, de ce rire aussi éclatant et contagieux que paraissent sombres ses rêves, et violentes ses tristesses, "les années d'apprentissage du cœur". Verhaeren n'est pas seulement poète, c'est un homme de chair et de sang, peut-être le premier que le jeune homme, confit en intellectualité, rencontre. Ce que Verhaeren lui découvre, par lui-même autant que par son œuvre, ce sont les "forces tumultueuses" de la vie. Il lui enseigne le premier de tous les arts, qui est de jouir des heures simples qui sont données à chacun. "Aimer le sort jusqu'en ses rages", a-t-il dit dans La Joie. [...] 


L'auteur des Flambeaux noirs est un poète du Nord. Il chante les brumes et les nuages, la pluie, la neige, le vent glacé qui souffle sur la campagne flamande, au bord de l'Escaut. Il trouve un écho à sa nature profonde dans les couleurs de son petit pays, miroir de ses rêves et de son âpre désir de bonheur."

 


Verhaeren est un sensuel qui laisse déborder le flux de ses passions et lâche la bride à ses émotions les plus profondes, les plus dangereuses, au risque de plonger dans le royaume des flambeaux noirs...

 

 

(Bibliographie : Stefan Zweig, l'ami blessé par Dominique Bona. Plon, 1996).

  

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              "Émile Verhaeren", portrait par Théo Van Rysselberghe.

 

 

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                        "La Lecture" (1903) de Théo Van Rysselberghe
                                    (En veston rouge : Émile Verhaeren).