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13/01/2013

GERARD DE NERVAL

Gérard de Nerval (1808-1855)

 


On rencontre Gérard de Nerval, son ami Théophile Gautier venu à Paris pour étudier la peinture, et Pétrus Borel, au romantisme exacerbé et qui ne rompra jamais avec la révolte intérieure, en compagnie de la bohème des Jeunes-France, un groupe d'écrivains et d'artistes excentriques, prompts aux excès et exagérant les théories de l'école romantique.

 


À dix-huit ans, Nerval publie les Élégies nationales, un recueil poétique et polémique. Deux ans plus tard il traduit le Faust de Goethe.

 

Il voyage en Europe, en Turquie, en Égypte. Entre-temps, un amour malheureux le fait pénétrer dans la folie et un premier internement. Puis il écrit le Voyage en Orient, pittoresque récit de son périple en Turquie et en Égypte.

 


Entre internements et rémissions, il publie des recueils en prose, marqués par l'illuminisme, où il exprime son goût des légendes fantastiques qu'il traite souvent avec fantaisie : les Illuminés, la Bohème savante, les Filles du feu. Il écrit des poèmes, les Chimères, Odelettes et un roman Aurélia, sa dernière œuvre, où le lecteur pénètre dans les rêves et les obsessions de sa folie.

 

Ce précurseur de Baudelaire, de Mallarmé et du surréalisme finit par se pendre, une nuit d'hiver, à une grille, rue de la Vieille-Lanterne, près des Halles, à Paris. Il avait quarante-sept ans.

 

(Écrit par Améthyste)

 

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                                 Gérard de Nerval par Nadar.

Commentaires

Vous étonnerez-vous, Améthyste, si je vous confie que, peut-être encore plus que sa poésie, c'est la relation qu'il fit de son périple égyptien qui, chez Nerval, retient toute mon attention ?

Vous y faites ci-avant allusion, ce "Voyage en Orient", c'est-à-dire au XIXème siècle, en Grèce, en Turquie, en Syrie et en Égypte, s'il constituait encore une aventure singulière pour les grands écrivains du Romantisme - Lamartine, Chateaubriand, Flaubert, Théophile Gautier ... -, prit indiscutablement un visage qui n'allait que s'amplifier au fil des ans.

Certes, depuis la fin de la Renaissance, ces contrées riveraines de la Méditerranée orientale, sous le joug d'une certaine puissance ottomane - les "Pays du Levant", disait-on initialement, influencé que l'on était encore par la langue commerciale et diplomatique de l'époque -, attiraient manifestement de plus en plus de touristes. Et des plus célèbres !

Je dois à l'honnêteté d'ajouter que pour certains, la relative rapidité des trajets en train que permit la renommée Compagnie des Wagons-lits ne fut pas étrangère à cet engouement de classe.

Gérard Labrunie - que l'Histoire littéraire retient sous le pseudonyme de Gérard de Nerval -, fut de ceux qui entreprirent ce périple oriental.

Bien que j'avais déjà évoqué cela en septembre dernier avec M. Jougla, si je ne m'abuse (http://christianjouglaecrivain.hautetfort.com/archive/2012/08/22/el-desdichado-de-gerard-de-nerval.html#comments), il me tient à coeur de préciser, non pas aux fins de ressasser toujours les mêmes antiennes qui se répètent à l'envi d'anthologies en biographies, mais pour simplement situer cet épisode dans la vie du poète : de nos études secondaires, nous tenons encore en mémoire qu'il connut sa première crise de démence au printemps 1841, qu'il passa huit mois de sa jeune vie - il avait alors à peine 33 ans -, en maison de santé et qu'il décida de ce long déplacement vers les terres lointaines - c'est là où je voulais en venir -, en guise de thérapeutique :

"Je n'ai pas été malade un seul jour depuis mon départ ; ce voyage me servira toujours à démontrer aux gens que je n'ai été victime, il y a deux ans, que d'un accident bien isolé ...", écrira-t-il dans une lettre à son père.

Reprenant votre parenthèse chronologique, j'ajouterai que c'est le 26 janvier 1855 - il était né le 22 mai 1808 -, qu'il fut découvert pendu à un grillage, dans une rue de Paris :

"Je suis le Ténébreux, le Veuf, l'Inconsolé
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie."

avait-il écrit un an plus tôt dans le superbe poème - "El Desdichado" - qui ouvre le recueil des "Chimères".


Le 2 novembre 1867, Théophile Gautier rappela :

"Aux premières lueurs d'une aube grise et froide, un corps avait été retrouvé, rue de la Vieille-Lanterne, pendu aux barreaux d'un soupirail, devant la grille d'un égout, sur les marches d'un escalier où sautillait lugubrement un corbeau familier qui semblait croasser, comme le corbeau d'Edgar Poe : Never, oh ! never more ! Ce corps, c'était celui de Gérard de Nerval, notre ami d'enfance et de collège ...

Ce bon Gérard, comme chacun le nommait, qui n'a causé d'autre chagrin à ses amis que celui de sa mort."


Dans l'éventualité où certains de vos lecteurs souhaiteraient (re)découvrir quelques passages de ce "Voyage en Orient", autorisez-moi à immodestement fournir une fois encore ce lien vers mon blog :

http://egyptomusee.over-blog.com/article-le-voyage-en-orient-gerard-de-nerval-1-53843200.html

Écrit par : Richard LEJEUNE | 15/01/2013

Je ne m'étonne point, en effet, Richard, que le périple égyptien de Nerval, narré dans son "Vouage en Orient", retienne tout particulièrement votre attention.
Nerval, se défendant quasiment dans une lettre à son père - dont vous citez un extrait - d'être un malade atteint de crises chroniques de démence, m'émeut profondément.
Hélas ! la dernière décennie de sa vie détruira tous ses espoirs de guérison définitive.
J'ai suivi avec émotion, tant je suis sensible à cette souffrance vécue par Nerval (et combien d'autres ! poètes, peintres, sculpteurs...) le lien indiqué par vos soins.
Merci, Richard, pour votre commentaire.

Écrit par : Améthyste | 17/01/2013

quelle fin tragique, en règle générale ces poètes souffrent beaucoup de leurs relations amoureuses, encore plus que les autres .......
A bientôt
JA

Écrit par : JA | 15/01/2013

Oui, Jocelyne, peut-être à cause de leur sensibilité exacerbée, du romantisme qui les imprègne toute leur vie durant, de l'emprise de la douleur sur leur âme, du pouvoir sur leur coeur de cette souffrance qu'ils dépeignent en mots transcendés et revivent inlassablement à travers la beauté de leur poésie.
Merci beaucoup pour votre commentaire.

Écrit par : Améthyste | 17/01/2013

Les commentaires sont fermés.