16/09/2012
"LA FIANCEE DU VENT" DE KOKOSCHKA
Oskar Kokoschka (1886-1980) est un peintre et écrivain autrichien, naturalisé anglais en 1947. Ses toiles, ainsi que son œuvre théâtrale, manifestent un expressionnisme angoissé, mais il apporte un éclat lumineux intense à ses paysages et à ses panoramas de ville.
Il réalise des portraits, déformant certains traits pour en souligner l'expression, et des compositions aux couleurs épaisses et rauques, comme "la Fiancée du vent".
"La Fiancée du vent" réunit un couple, "mais pour un chaotique et impossible amour, emporté dans les tourbillons d'une mer et d'un ciel orageux qui montrent une autre vision du cosmos. C'est Alma Mahler*, figure "démoniaque" de la sexualité viennoise qui est représentée [...] sur le tableau aux côtés du peintre, et qui en est l'inspiratrice..."
(Bibliographie : Klimt : Beethoven par Jean-Paul Bouillon. Éditions d'Art Albert Skira, Genève, 1986).
* Alma Mahler, alors mariée à l'architecte Walter Gropius (le premier mari d'Alma étant le compositeur Gustav Mahler), eut durant deux ans une liaison avec Oskar Kokoschka.
(Écrit par Améthyste)
"La Fiancée du vent" (1914) d'Oskar Kokoschka
(Musée de Bâle).
16:16 Publié dans Peinture | Tags : oskar kokoschka, peintre, la fiancée du vent, expressionnisme, alma mahler | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Ne pensez-vous pas que, comme tant d'autres appellations qui sont nécessaires pour clarifier les esprits et indiquer des limites chronologiques à toutes les études d'histoire de l'Art, le terme expressionnisme peut connoter bien des "mouvements" différents en son propre sein ?
Pour préciser ma pensée, je ne suis pas vraiment d'accord avec vous si vous estimez - mais ce n'est peut-être pas le cas et votre apport photographique n'illustre peut-être pas votre propos - que "expressionnisme angoissé" que vous citez dans votre texte puisse caractériser cette "Fiancée du vent".
Personnellement, si j'estime cette oeuvre extrêmement expressive, je n'y ressens nulle angoisse, bien au contraire ! Elle a plutôt l'air apaisée, notre "Alma" - qui n'a rien de "Mater".
Et si - mais comparaison n'est pas raison, pourrez-vous toujours me rétorquer - je devais, pour la même époque et dans le même entourage artistique, citer un exemple d'expressionnisme angoissé, c'est bien évidemment vers Munch et toutes les déclinaisons de son terrible "Cri" que je me tournerais ...
Qu'en pensez-vous ?
Écrit par : Richard LEJEUNE | 15/09/2012
En effet, il existe bien des mouvements différents regroupés sous l'appellation expressionnisme. Ce dernier reste inséparable d'une conception angoissée et révoltée de la vie. L'oeuvre des artistes expressionnistes - ainsi que, souvent, leur existence - est tourmenté, angoissé, tragique, pathétique comme celui de Kokoschka.
Mais, ainsi que vous le suggérez dans votre deuxième paragraphe, les termes "un expressionnisme angoissé" que j'ai utilisés en introduction ne s'appliquent pas à "la Fiancée du vent". Si la belle et cruelle Alma paraît apaisée dans les bras du peintre, lui, en revanche, semble profondément torturé dans ses traits et dans son corps.
Quant à Munch que vous citez, nous lui avons consacré, dans la catégorie estampes, une publication : "La gravure sur bois d'Edvard Munch". Cette gravure sur bois, intitulée "le Cri" - comme la célèbre toile qui battit, le 2 mai 2012, le record de vente d'un tableau aux enchères (119,9 millions de dollars) - révèle une exceptionnelle approche de la terreur allant jusqu'à la folie.
Merci infiniment, Richard, pour votre passionnant commentaire.
Améthyste.
Écrit par : Améthyste | 17/09/2012
A chaque oeuvre que vous proposez à nos yeux et qui accroche mon regard, j'aime partir - vous le savez - vagabonder sur Internet pour la découvrir un peu plus ! (Surtout si son origine est autrichienne... !)
Cette toile "hyper-expressionniste" est donc un hymne de Kokoschka en l'honneur d'Alma et de leurs brèves et violentes amours ?
Il lui aurait écrit un télégramme qui disait : "Chère Alma, nous sommes éternellement unis dans ma fiancée du vent !". On lit aussi qu'elle fut aussi belle qu'intelligente et passionnée, mais parfois tellement cruelle ! Redoutable sirène, elle avait en effet un grand pouvoir sur ses plus célèbres compatriotes artistes qu'elle côtoyait, envoûtait puis... capturait et emportait dans ses filets !
Quant à moi... je dois vous avouer que j'aime moins l'attitude - et les traits - de Kokoschka, qui gît au centre du tableau, comme entraîné par un tourbillon, scrutant d'un regard incertain le lointain, que la femme - la peau nacrée - qui semble blottie avec confiance... et volupté... sur sa poitrine !
Mais ne le dites à personne !
Écrit par : Jean-Claude | 15/09/2012
Je sais bien, cher Jean-Claude, que vous aimez parfaire vos connaissances et toujours approfondir le sujet proposé, ce qui nous accorde un immense privilège, celui de lire vos commentaires si enrichissants pour notre blog !
Oui, la très belle Alma a fait souffrir trois époux et certainement quelques autres hommes. Elle-même, si passionnée, était terrifiée par les folles amours qu'elle déchaînait ! Kokoschka a laissé, avec "la Fiancée du vent", une toile tourmentée... à sa propre image.
Écrit par : Améthyste | 17/09/2012
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