04/10/2012
"LA PIERRE PHILOSOPHALE" DE VICTOR BRAUNER
Par une nuit de pleine lune, une femme somnambule dont la nudité est sublimée par une clarté presque irréelle, la chevelure tombant comme un voile flou jusqu'au sol, la gorge baignée de ce même éclat lunaire, s'approche à grandes enjambées de la pierre philosophale entourée d'un halo lumineux.
Cette pierre mystérieuse est posée sur un tronc d'arbre aux racines extérieures, entre deux branches dont l'une épouse la cambrure des reins de la femme qui avance à califourchon sur cette étrange liane. La pierre philosophale est gardée par un animal inquiétant, mi-mammifère, mi-oiseau. Œuvre riche en symboles d'un peintre inspiré.
Victor Brauner (1903-1966), peintre roumain, réalisa des œuvres souvent obsédantes. Il vécut à Paris de 1930 à 1935, puis s'installa définitivement en France en 1938. Lié au surréalisme, il a transcrit dans son œuvre une vision mythique inséparable de ses angoisses personnelles. À partir du début des années 1940, sa peinture se fait imagerie hiératique, chargée de symboles ésotériques et érotiques. Il choisira la vie intérieure et elle seule.
(Écrit par Améthyste)
"La Pierre philosophale" de Victor Brauner.
15:21 Publié dans Peinture | Tags : victor brauner, peintre roumain, la pierre philosophale, surréalisme, symboles ésotériques, vision mythique | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
L'intérêt de fréquenter un blog tel que le vôtre, Améthyste, réside dans le fait que ce que l'on croit connaître n'est qu'une infinitésimale partie de LA Connaissance !
Brauner, bien sûr : parce que le surréalisme ; parce que de grands Roumains dans la littérature française (Tzara - Cioran et Ionesco, pour ne prendre que trois créneaux bien distincts) ; parce que le portrait de Breton, aussi - ou avant tout ?
Mais jamais, au grand jamais, bizarrement, je ne me suis demandé : et quoi d'autre chez Brauner que ce portrait du "Pape du surréalisme" ?
Grâce à vous, maintenant, j'en sais un peu plus.
Mais, avis éminemment personnel - autorisez ma franchise - je me dis, : en définitive, ai-je vraiment perdu beaucoup à ne pas chercher à savoir qui était Brauner ?
Écrit par : Richard LEJEUNE | 04/10/2012
J'ai cherché pourquoi cette toile si étrange, et qui n'obtient pas tous les suffrages, je le sais, me plaisait et m'avait incitée à mieux connaître Victor Brauner.
La femme, la pierre philosophale et l'animal gardien de la pierre semblent avoir été enfantés par la Lune...
Le décor dépouillé emprisonnerait les créatures, la pierre et l'arbre si la Lune ne leur offrait cette liberté de participer à une quête qui leur est chère, bien au-delà de la transmutation des métaux en or, peut-être celle d'une Sagesse encore à découvrir...
Me permettez-vous de vous dire, Richard, que chacun de vos commentaires m'apporte de nouvelles connaissances ?
Écrit par : Améthyste | 05/10/2012
Quand en substance j'écrivis à propos de Brauner qu'il ne me paraissait pas - à moi, Richard Lejeune, comprenez-le bien ! -, essentiel de connaître son oeuvre pour ajouter une pierre à l'édifice de l'Histoire de l'Art, ce n'était pas par rapport au choix pictural qu'ici vous avez proposé, mais plutôt à toute son oeuvre.
Dont vos lecteurs pourront avoir un aperçu ici :
http://www.google.fr/search?q=victor+brauner+oeuvres&hl=fr&prmd=imvnso&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=FJ1uUIq4DuGa1AWpoYCoCA&ved=0CCAQsAQ&biw=1024&bih=602
Pour moi, Brauner n'a pas de style propre, c'est un mixte de plusieurs tendances de la peinture du XXème siècle. Ni plus ni moins !
Ainsi, celle ci-dessus : au premier regard, l'autre jour, j'ai cru à du Leonor Fini.
Quand je vois son auto-portrait, j'ai l'impression que l'oeil droit est une de ces "montres-molles" chères à Dali !
D'autres, sur la page du lien que je viens de vous fournir, me font irrésistiblement penser à Picasso, à Braque, à de Chirico et même une, immortalisant le poète Benjamin Fondane, à "notre" Magritte national !!!
Etc, etc.
Où donc est le vrai Brauner là-dedans ?
* * *
"Me permettez-vous de vous dire, Richard, que chacun de vos commentaires m'apporte de nouvelles connaissances ?", concluez-vous ci-dessus.
Vous vous souvenez certainement, Améthyste, de cette réponse célèbre de Montaigne au chapitre XXVIII consacré à l'amitié dans le Livre I de ses remarquables "Essais", quand il évoque son ami La Boétie (Lausanne, Rencontre, p. 208 de mon édition de 1968) :
"Si on me presse de dire pourquoy je l'aymois, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : "Par ce que c'estoit luy ; par ce que c'estoit moy."
Ceci constituant, mutatis mutandis, la réplique que je donnerais à votre dernière phrase ...
Écrit par : Richard LEJEUNE | 05/10/2012
Il est vrai que Victor Brauner s'est essayé aux "portraits illusions", à la caricature, à l'art primitif, au cubisme...
Le site :
http://artalog.net/gallery/gallery.php?id=102&subev_id=2923
lui consacre un article intéressant où je relève : "Particulièrement sensible à l'ésotérisme et à l'alchimie, Brauner, en artiste "médiumnique", s'est ensuite nourri de la dimension, animisme, mythologie, psychanalyse et pouvoir des fétiches."
J'ai lu avec beaucoup de déférence et d'humilité votre citation de Montaigne et je vous en remercie infiniment.
Avec ma sincère et fidèle amitié.
Écrit par : Améthyste | 06/10/2012
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