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19/01/2017

TROIS TABLEAUX DE VAN GOGH

 

À la lecture de cette originale description de trois tableaux de Vincent Van Gogh, il n'est pas nécessaire d'être un grand connaisseur de son œuvre pour découvrir les titres des toiles dont Georges Arnaud propose au lecteur une version très personnelle.

 

"... devant le visage triste et un peu fade d'un homme plus très jeune, coiffé d'une casquette molle, les yeux vagues sous des sourcils tombants, accoudé à une table où il y avait des livres et des fleurs ; devant une église lourde, à croupetons dans l'herbe, peinte en couleur de fête foraine au mois d'août, qui, peut-être à cause de ça, du ciel outremer surtout, où elle se découpait, peut-être à cause d'une certaine désinvolture dans le trait, le fit penser à un Dufy ; enfin, tout vert amande, et le fond aussi était vert, ce portrait d'un homme roux, tracé en pâte lourde par un pinceau frémissant et sage. Noyées dans ce torrent de forces vertes dont les tourbillons se rangeaient à des lois qui, en définitive, étaient celles de l'ordre même, des touches d'un bleu fin, de l'outremer à l'ardoise, des lumières un peu roses et deux ou trois traits d'un rouge exquis pour les lèvres révélaient une délicatesse proche de la préciosité. Le vert liait tout, jusqu'au blanc des yeux qu'il imprégnait. C'était un enchaînement de tours de force que le peintre n'avait pas délibérément recherchés, mais qui avaient été ses moyens naturels d'expression, les seuls possibles. Rendu par des procédés d'une extrême audace, l'effet était d'un sévère classicisme. C'était sans âge, d'hier ou aussi d'un autre siècle, pas forcément passé."

 


(Bibliographie : Lumière de soufre par Georges Arnaud. René Julliard, 1952).

 

(Écrit par Améthyste)

 

 

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 Portrait du Dr Gachet (1890) (première version) par Vincent Van Gogh

                                                      (Collection privée)

 

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                     L'Église d'Auvers-sur-Oise (1890) par Van Gogh

                                                    (Musée d'Orsay, Paris)

 

 

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                               Autoportrait par Vincent Van Gogh

                                                        (Musée d'Orsay, Paris)

 

12/01/2017

"JARDIN DE L'HOTEL-DIEU..." PAR VAN GOGH

 

Décembre 1888. Vincent Van Gogh s'allonge sur son lit, prêt à mourir. Au sol, des serviettes ensanglantées, utilisées pour arrêter l'hémorragie de son oreille droite dont il a tranché le lobe avec un rasoir.

 

Le peintre sombre dans la folie. Le soleil noir de la démence éclate dans son cerveau en fusion, succédant au soleil rougeoyant qui embrasait sans répit son esprit, son coeur. Vincent Van Gogh est interné à l'Hôtel-Dieu. De nouvelles crises d'épilepsie apparaissent. Les médecins l'isolent dans une cellule. 

 

"Si, après le drame de l'oreille coupée, Van Gogh se remet à peindre, c'est pour lutter contre la folie. Mais ça n'est pas que pour cela. Ses tableaux ne sont pas "thérapeutiques". Il s'inscrivent dans le grand œuvre de sa vie, comme les tableaux qui ont précédé et ceux qui suivront. Vincent écrit à plusieurs reprises que la peinture ne le fatigue pas, c'est au contraire l'impossibilité de peindre qui le ferait mourir... Aucune création ne peut se réduire à son contexte." (Roland Pécout).

 

Il réalise le Jardin de l'Hôtel-Dieu à Arles, toile apaisée, aux parterres fleuris bien ordonnés, aux bâtiments assagis. Quelques arbustes, au premier plan, se révoltent à peine de cette paix si nouvelle dans la tête de Van Gogh, sa tête récemment "prise par les angoisses et par les crises."

 

"La peinture, pour Van Gogh, est bientôt le seul lien qui le rattache à la vie. Les tableaux de ce temps-là donnent souvent l'impression d'une intensité accrue qui, cependant, n'a rien à voir avec son état maladif. Seulement dans la mesure où il est conscient, il est soudain pris d'une rage de création qui se justifie par le fait qu'il veut rattraper le temps perdu. Ces oeuvres révèlent la peine qu'il prend à ne pas se résigner et à prévenir de nouvelles crises par un travail encourageant et en créant des soupapes de sécurité à ses violents sentiments." (Ingo F. Walther).

 

(Bibliographie : . Itinéraire de Van Gogh en Provence par Roland Pécout (Les Éditions de Paris, 1994).

. Van Gogh par Ingo F. Walther (édition originale : Benedikt Taschen, 1987. Traduction française : Catherine Jumel).

 

(Écrit par Améthyste)

 

 

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Jardin de l'Hôtel-Dieu à Arles (1889) par Vincent Van Gogh

(Collection Oskar Reinhart, Winterthur, Suisse)

Site : http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=13004_21

 

01/01/2017

LES CADEAUX DE VAN GOGH A SES AMIS

BONNE ANNÉE 2017 !

 

Les tableaux de Vincent Van Gogh ne se vendirent que très rarement de son vivant. Son frère Théo les achetait, Théo, mécène et marchand, qui subventionna l' "Atelier du Midi" en échange d'un envoi régulier des toiles, d'Arles pour celles de Vincent et de Pont-Aven pour celles de Gauguin. Si les tableaux de Van Gogh se vendaient peu, en revanche ils circulaient beaucoup !

 


Le docteur Félix Rey, un jeune médecin, accompagnait parfois Vincent dans ses promenades. Le peintre, reconnaissant, offrait ses œuvres à ses amis, à ses médecins, à son facteur... Mais que devenaient-elles ? Le Portrait du docteur Félix Rey, à Arles, pendant quelque temps servit "à boucher un trou dans un poulailler. On prétend que des toiles offertes au docteur Peyrou (ou récupérées par lui), ont servi plus tard, de cible pour faire du tir à la carabine. [...] Apprécié dans le milieu des peintres, Vincent Van Gogh, apparaissait aux gens de la rue comme un incompréhensible barbouilleur."

 

 

Ce peintre abritait dans son cerveau et dans son cœur des soleils qui les embrasaient, bourreaux dispensateurs de brûlures atroces. Il peuplait la Nature des belles volutes échappées de son esprit...


(Bibliographie : Itinéraires de Van Gogh en Provence par Roland Pécout. Les Éditions de Paris, 1994).

 

 

(Écrit par Améthyste)

 

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           Portrait du docteur Félix Rey (1889) par Vincent Van Gogh.

                   (Musée des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou) 

17/10/2012

"LES OLIVIERS" DE VAN GOGH

 

Des oliviers brûlés par le soleil, troncs tordus sous le mistral, s'extirpent d'un sol en harmonie avec les couleurs des nuages semblables à d'étranges soleils, les mêmes soleils qui embrasent toujours si intensément le cœur de Vincent Van Gogh. Vincent qui peint pour ne pas mourir, Vincent qui meurt de vivre...

 

"L'olivier, arbre de paix. Pas la paix du tombeau comme le cyprès, mais la paix qui nous permet de vivre avec les autres hommes... Voilà un cheminement qui se vit, qui se peint. Sans doute, Vincent a représenté aussi d'autres arbres : pins du jardin de Saint-Paul, platanes et ormes de Saint-Rémy... Mais cyprès et oliviers sont travaillés, eux, par séries, par "saisons". Ce sont les totems de Vincent incarcéré. Entre eux il y a un mouvement alternatif. Tantôt les cyprès comme retraite loin des hommes : quand il est cyprès, il vit au ralenti dans le monde des morts. Tantôt l'olivier comme retour vers la vie, acceptation des règles communes. Quand il est du côté des oliviers, il tourne ses forces vers le dehors." (Roland Pécout).

 

"Toute la surface du tableau est emplie d'un unique mouvement. Le même trait onduleux du pinceau donne forme au sol, aux arbres et au ciel et confère à l'œuvre son unité. Les trois teintes principales, ocre, verte et bleu, sont douces, réservées et affaiblissent les contrastes de couleurs. Les fortes lignes des branches se retrouvent dans les modèles d'arabesques de la surface du ciel plus adoucie, [...] tout est en harmonie. Cet équilibre de tons chauds et froids crée une note de calme ainsi qu'une atmosphère irréelle." (Ingo F. Walther).

 

(Bibliographie : . Itinéraire de Van Gogh en Provence de Roland Pécout. Les Éditions de Paris, 1994).

. Van Gogh d'Ingo F. Walther (édition originale : Benedikt Taschen, 1987. Traduction française : Catherine Jumel).

 

(Écrit par Améthyste)

 

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"Les Oliviers" (1889) de Vincent Van Gogh

(Museum of Modern Art, New York)

 

"EFFET DE NEIGE A ARLES" DE VAN GOGH

Vincent Van Gogh a vingt-cinq ans lorsqu'il arrive dans le Borinage wallon, l'enfer des terrils, pour accomplir un semestre d'évangélisation qui lui a été accordé grâce à son père pasteur. Il plonge au fond de la souffrance, celle des autres et aussi la sienne... Saint ou fou, qui peut déjà le dire ? Il donne ses vêtements, soigne les mineurs blessés, vit de pain sec et d'eau afin de nourrir les animaux errants.

 

Dans l'âme si cruellement déchirée de Vincent Van Gogh couve une lueur, une étoile : "le sentiment esthétique, le salut par l'art". Cette étoile deviendra un soleil lancinant, un soleil dévorant, celui de la Crau d'Arles. À vingt-sept ans, il commence son apprentissage de peintre, puis il s'acharnera au travail jusqu'à sa mort, dix ans plus tard.

 

Au premier plan d'"Effet de neige à Arles", un champ disparaît sous une couche de neige étincelante, des arbres aux branches dépouillées semblent adresser une incantation à un ciel d'une intense pureté. La neige s'étend presque jusqu'à l'infini, une neige d'un blanc bleuté, telle une mer azurée dont l'écume, lentement, prendrait possession.

 

(Bibliographie : Itinéraire de Van Gogh en Provence de Roland Pécout (Les Éditions de Paris, 1944).

 

Un extrait de : "En Arles" de Paul-Jean Toulet me paraît être le bienvenu pour accompagner ce tableau :

 

"Lorsque tu sens battre sans cause

Ton cœur trop lourd ;

Et que se taisent les colombes ;

Parle tout bas, si c'est d'amour,

Au bord des tombes."

 

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                    "Effet de neige à Arles" de Vincent Van Gogh.

                               (Collection privée, Londres)