30/03/2017
"LENDEMAIN" PAR CHARLES CROS
"Lendemain
Avec les fleurs, avec les femmes,
Avec l'absinthe, avec le feu,
On peut se divertir un peu,
Jouer son rôle en quelque drame.
L'absinthe bue un soir d'hiver
Éclaire en vert l'âme enfumée,
Et les fleurs, sur la bien-aimée
Embaument devant le feu clair.
Puis les baisers perdent leurs charmes,
Ayant duré quelques saisons.
Les réciproques trahisons
Font qu'on se quitte un jour, sans larmes.
On brûle lettres et bouquets
Et le feu se met à l'alcôve,
Et, si la triste vie est sauve,
Restent l'absinthe et ses hoquets.
Les portraits sont mangés des flammes :
Les doigts crispés sont tremblotants...
On meurt d'avoir dormi longtemps
Avec les fleurs, avec les femmes."
(Charles Cros).
(Présenté par Améthyste)
"Le Buveur" par Paul Cézanne
16:20 Publié dans Poèmes | Tags : charles cros, poète, lendemain de charles cros, poème | Lien permanent | Commentaires (0)
13/07/2013
PAUL VERLAINE
Paul Verlaine (1844-1896)
Verlaine, brillant élève, après le baccalauréat, s'inscrit à l'École de Droit. Il lit Baudelaire, Banville, Hugo, Glatigny et Catulle Mendès. Il abandonne rapidement ses études pour fréquenter les cafés où l'on parle de poésie et les salons littéraires auxquels participent Mendès, Coppée, Anatole France, Villiers de l'Isle, Heredia, Valade... Il collabore au Parnasse contemporain.
Déjà sous l'emprise de l'alcool, il cherche à vaincre ses démons par la poésie. Les Poèmes saturniens (1866) révèlent un poète authentique. Ses fiançailles et son mariage, en 1870, avec Mathilde Mauté de Fleurville lui inspirent les Fêtes galantes et la Bonne Chanson, où éclatent ses talents d'écrivain véritable.
Un an plus tard, Arthur Rimbaud fait irruption dans la vie du jeune couple. Verlaine et Rimbaud s'enfuient. Verlaine tire sur son ami qui veut le quitter et le blesse. Il purge deux ans de prison pendant lesquels son génie poétique s'épanouit. Verlaine enseigne un temps, enlève un de ses élèves. Il a de nouveau sombré dans l'alcool et terminera sa vie, dans une misère totale, entre garnis et hôpitaux. Celui qui a été élu, à la mort de Leconte de Lisle, "Prince des Poètes", décède à cinquante-deux ans.
"Verlaine ? il est caché parmi l'herbe, Verlaine."
Ce beau vers de Mallarmé, si fluide, si peu funèbre en somme qu'on en oublie presque qu'il appartient à un "tombeau" - le plus léger, le plus ouvert des "tombeaux" mallarméens, comme si, sur ce mort, il fallait peser le moins possible - ce beau vers était prophétique. Oui, Verlaine est caché. [...] Caché dans l'ombre écrasante de Rimbaud pour qui il eut toutes les faiblesses - il aimait cela, la faiblesse - et dont il reconnut, avant tous, le génie. Caché par les faits divers tapageurs, les violences, le coup de revolver de Bruxelles, la fée-absinthe, les prisons, les hôpitaux, les débauches crapuleuses [...] Caché par la gloire anthologique, "sanglots longs", ciel "par-dessus le toit"..." (Jean Gaudon).
(Bibliographie : Paul Verlaine. Poèmes saturniens. Confessions, Chronologie, préface, notes et archives de l'œuvre par Jean Gaudon. Éditions Garnier-Flammarion, 1977).
(Écrit par Améthyste)
Portrait de Verlaine par Eugène Carrière.
16:01 Publié dans Galerie de portraits d'écrivains et de poètes, Poètes maudits | Tags : paul verlaine, poète, arthur rimbaud, poèmes saturniens | Lien permanent | Commentaires (2)
28/12/2012
"MA BOHEME" DE RIMBAUD
"Ma bohème
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
(Arthur Rimbaud).
(Présenté par Améthyste)
"Le Poète voyageur" de Gustave Moreau.
15:06 Publié dans Poèmes | Tags : arthur rimbaud, poète, ma bohème | Lien permanent | Commentaires (4)
27/12/2012
"MELANCOLIQUE MER... " DE JEAN MOREAS
Jean Moréas, poète "décadent" dans ses premiers vers, les Syrtes, devint symboliste : Cantilènes, puis fonda l'"école romane" avec Maurras, La Tailhède, Raynaud et Du Plessys et revint à un art classique : Stances.
"Mélancolique mer...
Mélancolique mer que je ne connais pas,
Tu vas m'envelopper dans ta brume légère
Sur ton sable mouillé je marquerai mes pas,
Et j'oublierai soudain et la ville et la terre.
Ô mer, ô tristes flots, saurez-vous, dans vos bruits
Qui viendront expirer sur les sables sauvages,
Bercer jusqu'à la mort mon cœur et ses ennuis
Qui ne se plaisent plus qu'aux beautés des naufrages ?"
(Jean Moréas).
(Présenté par Améthyste)
"Naufrage" de William Turner
15:20 Publié dans Poèmes | Tags : jean moréas, poète, mélancolique mer | Lien permanent | Commentaires (1)
26/12/2012
CHARLES CROS, HOMME DE SCIENCE ET POETE
Charles Cros (1842-1888), génie scientifique précoce, découvre un procédé indirect de photographie des couleurs et donne la description d'un appareil qui se révèle l'ancêtre du phonographe.
Cependant il préfère la vie de bohème au laboratoire, en compagnie notamment de l'écrivain Alphonse Allais. Charles Cros est aussi poète et publie un volume de vers délicats : Le Coffret de santal, en 1873. Il est également l'auteur de nombreux monologues pétillants d'esprit. Mais ce poète restera ignoré de ses contemporains.
(Écrit par Améthyste)
Charles Cros
15:30 Publié dans Galerie de portraits d'écrivains et de poètes, Poètes maudits | Tags : charles cros, poète, le coffret de santal | Lien permanent | Commentaires (10)