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23/08/2012

"LE CHATEAU DES PYRENEES" DE MAGRITTE

René Magritte (1898-1967) est un peintre belge dont l'œuvre est d'une extrême singularité. Il réalise sa première toile surréaliste à vingt-sept ans et, malgré ses rapports orageux avec le groupe surréaliste français, il participe à toutes ses grandes expositions.

 


Il admire De Chirico, Duchamp, Picabia et Max Ernst, mais opte pour une manière très personnelle et étrange d'ouvrir les portes de l'imaginaire grâce à ses suggestions visionnaires bien particulières.

 


Dans "le Château des Pyrénées", où l'espace est envahi irrationnellement, un gigantesque bloc rocheux, surmonté d'un château fort, est immobilisé dans les airs entre un ciel azuré parsemé de nuages immaculés et une mer dont les vagues reflètent les nuances grises de la roche. Quel choc éprouve-t-on lorsque l'on regarde cette belle œuvre surréaliste !

 


"... Le Château des Pyrénées (1959), formidable peinture où le génie de Magritte s'affirme de la façon la plus éclatante - et bien qu'il s'agisse d'un tableau peint dans un camaïeu de gris et de bleus. On sait que le titre en est emprunté à un célèbre "roman noir" d'Ann Radcliffe - et par ailleurs, on pense aussi aux "châteaux en Espagne" que nous construisons dans notre seule imagination. Mais le miracle, ici, c'est que cette énorme pierre couronnée d'un château fort et flottant au-dessus de la mer ne nous étonne pas - ou que, plus exactement, à peine l'avons-nous vue, nous trouvons que c'est une chose toute naturelle puisque Magritte nous y fait croire. En d'autres termes, lorsque nous voyons Le Château des Pyrénées, nous sommes soudain de plain-pied avec le "mystère"."

 

Il s'agit d'une huile sur toile de 200 x 140,5 cm, qui appartenait à  Harry Torczyner. Il fit "don de l'oeuvre à Jérusalem où elle se trouve actuellement dans la collection de l'Israel Museum" (précision apportée par Richard Lejeune. Voir les commentaires).

 

(Bibliographie : . Magritte de José Pierre. Éditions Aimery Somogy

                     . L'Univers surréaliste de José Pierre, Éditions Aimery Somogy, Paris, 1983).

 

 

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                                "Le Château des Pyrénées" (1959) de René Magritte.

 

 

             

Commentaires

On ne peut que penser ... écrivez-vous avec justesse !
Car l'on ne peut que penser (aussi) à la signification de cette formidable et mystérieuse peinture ...
Magritte n'a-t-il pas écrit, en parlant de ses oeuvres : "Les titres des tableaux ne sont pas des explications et les tableaux ne sont pas des illustrations des titres." ?

Écrit par : Jean-Claude | 13/08/2012

Il est vrai que René Magritte se divertissait à choisir des titres déroutants, des titres niant la réalité de ce que croyait déchiffrer tout regard posé sur ses oeuvres, des titres à faire douter de sa vision, de son entendement...
Merci, Jean-Claude, pour votre visite.

Écrit par : Christian JOUGLA | 15/08/2012

Le hasard - mais l'est-ce vraiment ? - a voulu que vous choisissiez ici pour vos lecteurs "Le Château des Pyrénées" de Magritte, qui figura en première de couverture du catalogue édité en 1998 pour accompagner, ce printemps-là, l'extraordinaire exposition commémorative du centenaire de l'artiste aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, à Bruxelles.

A la page 31 de cet ouvrage, l'on peut lire quelques notes à propos des des théories d'Erwin Panofsky, célèbre et incontournable historien de l'art du début du XXème siècle, qui prônait notamment que l'oeuvre d'art ne pouvait être pleinement comprise que si l'on connaissait les conditions entourant sa genèse. Et d'ajouter que sa signification ne se dévoile vraiment que si l'on sait quelles conventions régissent la société dans laquelle naît l'oeuvre.

Je ne sais pas si Panofsky englobait aussi dans sa réflexion la peinture (funéraire essentiellement) que nous a laissée la civilisation égyptienne antique. Mais si ce fut le cas, il est évident qu'il eût eu raison d'y insister.

M'autorisez-vous, Monsieur Jougla, pour ce Magritte-ci, d'en narrer en quelques mots la genèse ?

Nous sommes en 1957. Le hasard, encore lui ?, veut que l'artiste belge rencontre l'avocat new-yorkais Harry Torczyner : ce sera le début d'une amitié, d'une complicité vraies qui durera 10 années que seule la mort du peintre viendra interrompre.
En février 1959, dans une lettre à l'artiste, Torczyner lui demande une oeuvre aux fins de combler ce qu'il nomme "un coin-protestant" dans son bureau : comprenez une fenêtre qui s'ouvre sur un building et que l'avocat veut absolument couvrir.

Et de préciser : "Quant au sujet, puis-je exprimer l'espoir secret que cette toile n'étant destinée qu'à vivre près de moi, au milieu des valeurs réelles et personnelles, représente une promenade nouvelle que le Maître entreprendrait allègrement sachant qu'il ne doit plaire à personne si ce n'est à lui-même et qu'il est dans sa discrétion absolue d'être indiscret ?"

Le mois suivant, Magritte envoie trois esquisses à New York dont l'une est légendée : " Vieux château - (presque ou "assez" fort) de pierre sur une pierre dans la nuit - (Peut-être également vu et représenté dans le jour)."
Ce sera celle-là que Torczyner plébiscitera en indiquant : "Mes préférences seraient de le voir flotter au-dessus d'une mer démontée, sombre à-la-Mer-du-Nord de ma jeunesse, mais dans un ciel de jour clair comme le ciel de l'Empire des Lumières, car du sombre océan monte le rocher-espoir-coiffé-de-château un peu fort."

Le 7 avril, Magritte prévient que "la construction a commencé ..."
A la fin du mois, en référence au roman d'Ann Radcliffe auquel vous faites allusion, Monsieur Jougla, Magritte a choisi le titre définitif de cette oeuvre qu'il achève prestement puisqu'elle quittera Bruxelles le 11 mai et arrivera dans le bureau de Torczyner le 12 juin suivant.

"Le "Château des Pyrénées" flotte majestueusement et orgueilleusement, il est superbe ... et intact ! Les vagues de la Mer du Nord m'apportent fraîcheur et joie", écrit l'avocat admiratif à son ami belge.

Par la suite, Torczyner fera don de l'oeuvre à Jérusalem où elle se trouve actuellement dans la collection de l'Israel Museum.


Je ne puis évidemment terminer sans signaler à l'adresse d'éventuels amateurs de René Magritte parmi vos lecteurs, que s'est ouvert, depuis juin 2009, un superbe musée qui lui est entièrement consacré, sur trois étages (2500 m²), place Royale, à Bruxelles. Plus de 200 oeuvres y sont exposées qui valent vraiment une petite excursion dans notre capitale.

Écrit par : Richard LEJEUNE | 22/08/2012

J'ai lu avec un immense intérêt votre commentaire mentionnant quelques notes sur les théories d'Erwin Panofsky, historien de l'art. J'ai été aussi conquis par votre narration de la genèse du "Château des Pyrénées" et les mots avec lesquels Harry Torczyner décrivit l'oeuvre qu'il "voyait" déjà dans son esprit.
Je crois que la conjugaison de leurs talents respectifs - l'art de René Magritte, l'imagination des deux amis sublimée par cette faculté que possèdent les visionnaires - grâce au talent du peintre, parvint à ce chef-d'oeuvre que j'admire tout particulièrement.
Monsieur Lejeune, votre commentaire, si enrichissant pour cette publication, me permet enfin d'ajouter à mon article des précisions quant au Musée où, actuellement, "Le Château des Pyrénées" doit faire encore naître bien des questions dans les yeux des visiteurs.
Merci infiniment.

Écrit par : Christian JOUGLA | 23/08/2012

Pardonnez-moi de reprendre ce contact mais je m'aperçois que j'ai complètement oublié d'indiquer dans mon précédent commentaire, pour les puristes et/ou les amateurs qui attendent d'une assertion qu'elle soit exactement référencée, que les passages des lettres envoyées par l'avocat new-yorkais au peintre belge que j'ai hier cités figurent dans un ouvrage rédigé en français par Yona FISCHER intitulé "Le Château de Magritte à Jérusalem", publié par The Israel Museum, Jérusalemm, 1991. (165 pages)

Écrit par : Richard LEJEUNE | 23/08/2012

Merci, Monsieur Lejeune, pour cette précision bibliographique, précision dont je suis très friand.
Vous serez toujours le bienvenu dans ce site. Merci encore.

Écrit par : Christian JOUGLA | 24/08/2012

Je pense que c'est une pierre qui va tombé dans l'eau

Écrit par : clémentine | 02/01/2013

Avec un si joli pseudonyme, je ne veux pas croire, Clémentine, que vous manquiez d'imagination au point de ne voir, dans cette toile de René Magritte, qu'"une pierre qui va tomber dans l'eau" !
Des millions de personnes ont su y voir autre chose ! Et pas vous ? Allons, allons...
Bonne année !

Écrit par : Améthyste | 02/01/2013

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