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22/02/2013

"LE BARDE" DE JOHN MARTIN

"Le Barde" (1817) de John Martin, peintre et graveur anglais, représente à mes yeux un univers de vertige.

 

Cette œuvre est inspirée d'une ode de Thomas Gray et emprunte son décor au romantisme gothique des écrivains : châteaux hantés, torrents furieux et sommets inaccessibles. L'ode de Gray célèbre les bardes du pays de Galles, qui furent tous exterminés, au XIIIe siècle, par Édouard Ier Plantagenêt.

 



Au premier plan de ce tableau, des chutes d'eau d'une merveilleuse transparence bleutée s'élancent vers le spectateur. À gauche, l'armée anglaise, à cheval, serpente tout au long d'un chemin taillé à flanc de montagne. À droite, debout sur l'un des rocs géants, un barde, le dernier gardien des traditions séculaires du pays de Galles, profère une malédiction, qui se réalisera avec la mort de Charlotte, princesse de Galles et fille unique de George IV. Au loin, des arbres, monstrueusement tordus, et un château cachent le bas du Snowdon, la montagne sacrée des Gallois. Des nuages translucides, teintés du gris des sommets rocheux, s'opposent à la limpidité des chutes d'eau.

 


Vertige face au défilé interminable de cette armée avançant inexorablement, vertige face au barde visionnaire, désormais solitaire, dont les uniques biens sont des poèmes et des chants, mais que la force de la malédiction rend invincible, vertige éprouvé devant ces torrents qui ont peut-être englouti des rivières de sang, vertige face à ce château hanté, à cette montagne au mystère écrasant.

 


"Le Barde", avec la majesté de son décor, participe à la souffrance de l'homme, seul survivant de sa "confrérie", hurlant son désespoir au travers de paroles prophétiques.

 


(Bibliographie : L'Aventure de l'Art au XIXe siècle sous la direction de Jean-Louis Ferrier avec la collaboration de Sophie Monneret, Éditions du Chêne, 1991).

 

(Écrit par Améthyste)


 

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                              "Le Barde" (1817) de John Martin.
 

Commentaires

Au hasard de mes pérégrinations sur l'Internet, avec votre barde comme point de départ, cette traduction de l'ode de Thomas Gray que vous connaissez probablement...

"Sur un rocher, le front hautain
Jetant un air courroucé sur le torrent du vieux Conway
Revêtu du deuil de l'infortuné
Les yeux hagards le poète se dressait
La barbe et les cheveux flottant
Agités comme le météore dans l'air tourmenté
Et avec la main d'un maître et le feu sacré
Faisait jaillir les profondes lamentations de sa lyre."

(ode de Thomas Gray)

Écrit par : Jean-Claude | 24/12/2012

Merci, Jean-Claude, pour cette traduction de l'ode de Thomas Gray, qui inspira si magnifiquement John Martin.
Ce barde solitaire, visionnaire, blessé au plus profond de son âme, dévoré par une souffrance inapaisable, hurlant sa malédiction, seule vengeance qui lui est accordée, m'émeut par son insoutenable détresse et il me semble entendre de "profondes lamentations..."

Encore merci pour cette ode qui mérite d'être lue et relue.

Écrit par : Améthyste | 31/12/2012

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