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05/09/2012

"SPLEEN" DE BAUDELAIRE

  "SPLEEN

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré d'un monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche."


Charles Baudelaire (extrait des Fleurs du mal).

 

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                     "Visage d'un vieil homme" de Paul Cézanne.

15:37 Publié dans Poèmes | Tags : baudelaire, spleen, poème | Lien permanent | Commentaires (6)

"BASSIN AUX NYMPHEAS" DE CLAUDE MONET

Dans sa série de toiles "Bassin aux Nymphéas", Claude Monet a décliné, avec diverses harmonies de couleurs, ce bassin qu'il aimait tant et le pont japonais enjambant une pièce d'eau.

 

En 1893, Monet achète, en contrebas de sa maison de Giverny, un bout de terrain bordé par un petit bras de l'Epte, le Ru. Il rêve d'un bassin semé de nymphéas mais pour cela il doit détourner le ruisseau. Procès contre la municipalité, Monet le gagne.

 


Pendant trente ans, le peintre viendra s'asseoir chaque jour au bord du bassin, près des saules pleureurs, et cherchera "à percer le mystère tranquille des nymphéas. Ces paysages d'eau et de reflets sont devenus une véritable obsession pour le peintre". Une exposition, intitulée "Nymphéas, paysages d'eau", a enfin lieu, en 1909, malgré les angoisses de Claude Monet qui tente toujours de la retarder. Elle obtient un succès retentissant. Des écrivains se déclarent éblouis et émerveillés.

 


 

 

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       "Le Pont sur le Bassin aux Nymphéas, Giverny" de Claude Monet.

04/09/2012

LES ETOURDERIES D'AMPERE

Le physicien André Marie Ampère (1775-1836), qui inventa le télégraphe électrique et donna son nom à plusieurs unités de mesure SI, théories, méthodes et à un instrument gradué en ampères, était d'une grande étourderie.


Combien de cochers, lors des déplacements du savant, ne prêtèrent-ils pas leur dos, revêtu d'un paletot sombre, à la craie d'Ampère qui, prenant ce dos pour un tableau noir, s'empressait d'y tracer les chiffres et signes objets de ses profondes réflexions ?



Voici une anecdote mettant en scène les deux chats d'André Marie Ampère, plus précisément une chatte et son chaton. Souvent, les deux aimables félins, devant la porte du bureau s'ouvrant sur le jardin, miaulaient pour aller jouer avec les papillons. Ampère interrompait ses recherches et autres raisonnements.



Il décida donc de percer... deux chatières dans sa porte. Logique, n'est-ce pas ? une grande chatière pour la chatte et une petite pour le chaton ! Il se mit à l'ouvrage et, ravi de l'autonomie ainsi offerte à ses compagnons, les observa.


Il me plaît d'imaginer que, pendant plusieurs semaines encore, le chaton qui faisait mine de suivre sa mère passant par la grande chatière, se retournait vers Ampère perplexe, rebroussait chemin, s'entortillait câlinement autour de l'une des chevilles de notre homme de science et, en un bond gracieux, empruntait la petite chatière pour qu'Ampère, rasséréné, puisse retourner à ses travaux !

 

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                                   André Marie Ampère.

01/09/2012

"EL DESDICHADO" DE GERARD DE NERVAL

  "El Desdichado

Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

 

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,

Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la syrène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée."

(Gérard de Nerval).

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                       "La Sirène" de John William Waterhouse.