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27/11/2012

"CHANTS D'AUTOMNE, LE MANUSCRIT" DE C. JOUGLA : L'AUTEUR COMMENTE...

 

 Je ne résiste pas au plaisir de relever ici la réponse de Christian Jougla à la critique élogieuse de Jean-Claude Vincent, dont tous nos Lecteurs connaissent déjà le site : "Là où mes mines me mènent" et ses merveilleux dessins hyperréalistes accompagnés de passionnants textes d'une grande richesse.

 

Améthyste

 

 

"Bonjour Monsieur,

 

Je vous remercie pour votre commentaire élogieux à propos de cet angoissant et sombre récit.

 

En effet, la modeste république des taureaux garde bien des énigmes ! Je suis très heureux qu'à un millier de kilomètres de distance, grâce à mon humble talent, vous ayez ressenti la puissance mithraïque qui ne cesse de sourdre et de s'opposer au culte catholique.

 

Ainsi que vous le percevez, bien des mystères parsèment ce territoire : crypte de Sara la Noire, idolâtrie pour certains cocardiers (taureaux) particulièrement agressifs envers l'homme, le Sanglier, Goya, Barraïe... Ces animaux célèbres sont enterrés debout, après avoir brillé durant des années dans l'arène et vécu une retraite paisible dans les prés camarguais ; quelques exemples, entre autres, qui constituent la survivance des valeurs que j'ai modestement tenté d'extirper des ténèbres de l'Antiquité.

 

Vous avez bien ressenti, malgré la distance déjà évoquée, que derrière le jeu opposant hommes et taureaux se tapit en réalité le vivace, sombre et cruel culte de Mithra.

 

Encore une fois merci, en espérant que, prochainement, la suite des Chants d'automne vous apportera son lot... de satisfaction et d'angoisse.

 

Bien cordialement,

 

Christian JOUGLA."

jougla_chants.jpg

 

                                        Couverture : Château de Clermont-l'Hérault

                                                 (Photographie : Fagairolles 34)

 

(Présenté par Améthyste)

22/11/2012

CHANTS D'AUTOMNE DE CHRISTIAN JOUGLA

 

Parmi les cinq nouvelles composant l'ouvrage, paru récemment, de Christian JOUGLA, CHANTS D'AUTOMNE,  j'ai souhaité vous présenter, aujourd'hui, chers Lecteurs, le Manuscrit (Édition La Clef d'Argent).  

 

Un étrange bouquiniste, "des lueurs d'inquiétude dans le regard", remet à Pierre Verdier, assistant universitaire, des feuillets poussiéreux relatant, selon ses dires, une histoire authentique : au XIXe siècle, trois prêtres, hébergés par le Père Fraïsse, l'un des auteurs du manuscrit, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, "entre Méditerranée et Vaccarès", ont en charge une mystérieuse mission. Un seul d'entre eux, l'ascétique abbé Moldovan, "savant incontestable", est conscient de la survivance du "terrible culte paganiste de Mithra sur les terres sauvages de Camargue, où les taureaux rois mugissaient parfois à l'unisson, tournant leur tête magnifique vers l'est quelques instants avant l'aube. Incantation brutale et sublime adressée à leurs anciens dieux."

 

Christian Jougla amène le lecteur aux portes de la bouvine, "république des taureaux, univers bardé de traditions et de non-dit", à la rencontre de "deux clans : celui des manadiers, des gardians... et celui des raseteurs..., deux camps souvent antagonistes et nécessaires l'un à l'autre."

 

Avec cette nouvelle, récit d'épouvante mythique qui laisse sourdre une atmosphère oppressante, l'auteur excelle, une fois de plus, dans la littérature fantastique.

 

(Présenté par Améthyste)

 

                                         

29/07/2012

AUTRES EXTRAITS DE L'ABIME

LA MALADRERIE :


"Cette odeur persistante, méphitique, si tenace que toutes les bourrasques du monde ne peuvent la chasser... les siècles inlassablement nous transmettent cette puanteur, l'âme de la lèpre imprègne toujours ces lieux, elle perpétue l'horreur ancienne, l'effroi médiéval... Voyez-vous ces zones d'ombre malgré les éclairages modernes ? De terribles douleurs les hantent à jamais, les luminaires n'y peuvent rien. Observez comme les ténèbres s'épaississent par endroits. Les Basses-Fosses... Plus personne depuis belle lurette n'habite ce passage bâti de maisons tout en rez-de-chaussée, aux murs rongés par le salpêtre, des murs lépreux, le sol de terre battue avec d'éternelles flaques croupissantes, des ombres inquiétantes et des bourbiers aux endroits que ne touche jamais le soleil."


LES VÉTÉRANS :


"Les poilus, arme à l'épaule, trouvèrent rapidement le pas militaire, le miracle se produisait, ils se détachaient des curieux attirés par un fait divers sanglant, et avançaient en cadence, ailleurs, sur les grands boulevards de l'Histoire à la rencontre de leur périlleuse jeunesse. Dorgelès et Barbusse chantaient leurs hauts faits, les cuivres de la gloire couvraient les vaines conversations, ils marchaient altiers et plus de mille fois morts au Chemin des Dames, à la tranchée des baïonnettes. Ils marchaient avec des millions de fantômes ressuscités des terres de l'Est ou des frontières flamandes, visages d'antan, frères d'armes qu'ils pensaient oubliés à jamais mais cheminant tout à coup à leur côté. Saint-Vigelle, bouleversé par cette foulée "scandée", abandonna les premiers rangs, les gendarmes, tout ce que l'on voudra, pour se placer à la tête de ses vétérans. Seul un éclair dans les yeux, au-delà de toutes les péroraisons, accueillit la venue du chef reconnu par la troupe. Ils marchaient, ultime parade, en larmes, la tête emplie de leur légende. Ils marchaient, ils marchaient encore, ils marcheraient toujours aux accents de l'épopée, de l'émotion, des admirations futures, eux, les vainqueurs d'un peuple redouté des Romains, eux, les héros de la Grande Guerre, "la der des der". Ils marchaient et presque à l'unisson levaient la tête vers le ciel, répondant d'un sourire fraternel au salut des archanges." 


 

 

PREFACE DE L'ABIME PAR JEAN-CLAUDE PASTOR

Avec L'ABÎME, Christian JOUGLA excelle une fois encore, après Mandorgues, dans le genre gothique. Les promenades et discussions nocturnes du Docteur Morandi et de Maître Chevillon nous renvoient à nos doutes ; elles dévoilent la face obscure de l'imaginaire et de nos interrogations, bien au-delà du cartésianisme.

 

Effrène, le gouffre, les venelles constituent la scène d'un théâtre où évoluent des personnages pittoresques, amers, hors normes, hallucinés...


L'auteur a emprunté les traits, les modes de vie, le quotidien de ces populations rurales viticoles des années 50 tant et si bien que nous les croyons ressuscitées. La farce et la tragédie de Birounet, le combat de Lampilas, hauts faits rustiques et orgueil du village, nourrissent la jalousie des localités voisines.



Pourtant tout n'est pas glorieux, "combinaisons, manipulations, magouilles" se jouent de l'opinion et l'on "achètera avec des peccadilles, des riens, du vent" l'opinion de ces naïfs.



L'ABÎME, c'est le témoignage d'un écrivain attaché à ses personnages mais aussi aux espaces, à ces vignes qui disparaissent alors que les citadins, sans racines, sans respect pour la ruralité, investissent brutalement les lieux, effaçant peut-être à jamais un monde qu'ils ne comprennent pas.

Ce livre de Christian JOUGLA, générateur de réflexion, exprime, au-delà de la nostalgie, le témoignage terrifiant d'une époque, inspiré par la Nature dangereusement désacralisée parce qu'éternelle.


Jean-Claude PASTOR.

 

 

QUELQUES EXTRAITS DE MANDORGUES

LES LOUPS :

 


"Soudain, une incantation funeste s'éleva de la terre vers le ciel, elle semblait provenir de tous les coins de l'horizon : le chant des loups ! Cette mélopée millénaire, par les effets d'une puissante magie, projeta avec une brutalité inouïe le petit groupe des siècles en arrière, au milieu des terreurs et des superstitions des âges enfuis...

 

Chacun se blottit précipitamment dans la carriole, les fanaux accrochés aux deux "tempes" furent allumés. On dut attendre Tambour ; le chien abâtardi parut enfin, geignant et tremblant...".

 

 

 

 "LA TEMPÊTE" :


"Une détonation venue d'un autre monde écartela le ciel et, à coups de catapulte, la grêle tomba. La maison, geignant, pleurant dans des silences d'apocalypse, menaçait à tout instant de s'effondrer. La tempête n'oublia pas qu'elle était fille du déluge, des torrents d'eau accompagnaient la grêle et le vent.

À la faveur d'éclairs discontinus apparut le maelström gigantesque animé par les furies qui s'abattaient sur les collines. Devant la porte, des ravines se transformaient en torrents...".