31/12/2017
"PAYSAGE" PAR BAUDELAIRE
BONNE ANNÉE 2018 !
"Paysage
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère."
(Charles Baudelaire : extrait des Fleurs du mal).
(Présenté par Améthyste)
Ondine (1872) par John William Waterhouse.
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28/12/2017
"AU RENDEZ-VOUS DES AMIS" PAR MAX ERNST
Max Ernst (1891-1976), peintre et sculpteur allemand, naturalisé américain, puis français, fut l'un des premiers peintres surréalistes. Il se livra aussi à des collages et des assemblages, utilisant des matériaux parfois étrangers à l'art. Les "constructions plastiques" de Max Ernst furent presque toutes détruites.
Après des difficultés personnelles rencontrées à Cologne et une exposition fermée pour cause d'obscénité, le peintre trublion part définitivement pour Paris en 1922. Cette année-là il réalise un portrait de groupe où il mêle à ses amis vivants des écrivains et artistes d'autres temps. Il dote les personnages de gestes de sourds-muets, ce qui en dit long sur ses précédentes ruptures, tout d'abord avec l'Histoire de l'Art et ses canons en vigueur, ensuite avec le dadaïsme.
La toile "Au Rendez-vous des amis" réunit de nombreuses personnes :
De gauche à droite, au premier rang : l'écrivain français René Crevel, surréaliste désespéré et révolté qui se suicida en 1935 ; Max Ernst sur les genoux du romancier russe Dostoïevski, qui mourut dix ans avant la venue au monde de Max Ernst ; l'écrivain et médecin français Théodore Fraenkel ; l'écrivain Jean Paulhan, qui deviendra le directeur de la Nouvelle Revue française, le poète Benjamin Péret, un des plus ardents surréalistes ; l'écrivain et plasticien allemand Johannes Theodor Baargeld, qui fit la joie des dadaïstes avec ses collages ; le poète Robert Desnos qui abandonnera le mouvement surréaliste en 1930.
Au deuxième rang : le poète Philippe Soupault qui participa au mouvement dada, puis fonda avec Breton et Aragon, en 1919, la revue Littérature ; le peintre, sculpteur et poète français Hans Arp, qui associera surréalisme et abstraction ; l'artiste surréaliste français Max Morise, qui tint de tout petits rôles au cinéma ; le peintre et architecte italien Raphaël (1483-1520) ; le poète Paul Éluard, lié au dadaïsme puis au surréalisme ; l'écrivain Louis Aragon, l'un des fondateurs du surréalisme, dont le peintre ceint les hanches d'une couronne de laurier ; l'écrivain André Breton, centre dynamique du surréalisme ; le peintre italien Giorgio De Chirico dont la "peinture métaphysique" fut appréciée par les surréalistes ; enfin, Gala Éluard, une institutrice russe, épouse de Paul Éluard et maîtresse de Max Ernst. Elle deviendra l'épouse de Salvador Dali.
(Bibliographie : Max Ernst, 1891-1976, Au-delà de la peinture par Ulrich Bischoff. Benedikt Taschen Verlag GmbH, 1991).
"Au Rendez-vous des amis" par Max Ernst (1922).
19:20 Publié dans Peinture | Tags : max ernst, au rendez-vous des amis, peintre, sculpteur, surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0)
22/12/2017
POUCHKINE
JOYEUSES FÊTES DE NOËL !
Aleksandr Serguelevitch POUCHKINE (1799-1837).
Cet écrivain russe, qui reste fidèle à l'image de l'inspiration offerte par la tradition classique, est un fonctionnaire impérial sanctionné pour ses idées libérales. Lors de ses exils il connaît les périodes les plus fécondes de son activité poétique.
C'est en exil qu'il écrit le Prisonnier du Caucase et la Fontaine de Backhtchissaraï. Récidiviste, en résidence surveillée durant deux ans, il travaille à ses deux chefs-d'œuvre, le drame Boris Godounov et le roman en vers Eugène Onéguine.
"... la manière favorite de Pouchkine consiste à raconter. De la ballade au roman, en passant par la tragédie et la nouvelle en prose ou en vers, son œuvre se compose presque uniquement de récits [...] Un des thèmes les plus constants de la poésie de Pouchkine est le thème du remords ; il reflète le caractère double de la vie que mène le poète. À l'heure où le don du dieu le transfigure, le souvenir revient de ces moments de souillure, de tout ce temps perdu à des folies, à des sottises, à des vanités. Mais cette ombre terrible qui se lève est à son tour liée par la magie du rythme, et il semble parfois que jamais la Muse n'a abandonné son serviteur." (Jean-Louis Backès).
Plusieurs projets de mariage de Pouchkine échouent : il n'est pas un bon parti. Sa fortune est médiocre, sa position ambiguë. Il doit vivre de sa plume malgré la faveur, toujours révocable, de son souverain. Il épouse tout de même la jeune Natalia Gontcharova et continue à écrire des nouvelles et des contes en prose : le Cavalier de bronze, la Dame de pique, la Fille du capitaine. Il est tué en duel à trente-huit ans.
Pouchkine, par ses œuvres où se mêlent lyrisme et réalisme, est le fondateur de la littérature russe moderne.
(Bibliographie : Pouchkine par Jean-Louis Backès. Éditions du Seuil, 1966).
"Portrait d'Alexandre Pouchkine" (1827) par Vassili Tropinine.
19:18 Publié dans Galerie de portraits d'écrivains et de poètes, Poètes maudits | Tags : pouchkine, poète, eugène onéguine, la fille du capitaine | Lien permanent | Commentaires (0)
14/12/2017
LA GENERATION PERDUE - Ernest Hemingway (suite 7)
Ernest Hemingway, écrivain américain passionné d'aventures, né à Oak Park (Illinois) en 1899, décédé à Ketchum (Idaho) en 1961, nargua la mort pendant près de cinquante ans.
Il fut ambulancier volontaire sur le front italien en 1917 - courageuse initiative qui lui inspira l'Adieu aux armes (1929) - et il assista à la guerre civile d'Espagne. Deux romans s'ensuivirent : la Cinquième Colonne (1938) et Pour qui sonne le glas (1940). Nous le retrouvons correspondant de guerre en France et en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'ouvrage les Vertes Collines d'Afrique (1935) révèle sa passion pour la chasse, et Mort dans l'après-midi (1932) l'attrait qu'il éprouvait pour les corridas.
De déception en désenchantement, exilé à Paris parmi un groupe d'écrivains américains, il reprit en tête du Soleil se lève aussi (1926) l'expression "Génération perdue" et glorifia le combat de l'homme solitaire qui se mesure corps à corps au monde et aux êtres : En avoir ou pas (1937), le Vieil Homme et la mer (1952), chef-d'œuvre où, à travers l'histoire d'un pêcheur cubain, sont rassemblés les principaux symboles de l'existence d'Ernest Hemingway : la nature, la guerre, l'héroïsme, la force morale face à l'échec et l'abandon.
Il reçut le Prix Nobel de littérature en 1954. Ernest Hemingway se suicida en 1962.
Ernest Hemingway en 1950
17:48 Publié dans Galerie de portraits d'écrivains et de poètes, Vagabondages littéraires et artistiques | Tags : la génération perdue, ernest hemingway, écrivain américain, l'adieu aux armes, la cinquième colonne, pour qui sonne le glas, les vertes collines d'afrique, mort dans l'après-midi, le soleil se lève aussi, en avoir ou pas, le vieil homme et la mer | Lien permanent | Commentaires (0)
09/12/2017
LA GENERATION PERDUE - DOS PASSOS (suite 6)
John Roderigo Dos Passos, écrivain américain (1896 - 1970), né à Chicago, dans l'Illinois, un des romanciers marquants de la Génération perdue, laisse éclater sa révolte dans Manhattan Transfer (1924), 42e Parallèle (1930), la trilogie U. S. A. (1930 - 1936), la Grosse Galette (1936).
Son style, véritable cri de rage contre la société américaine, mêle divers genres d'écriture : reportages, poèmes, chansons, pour dépeindre cette société capitaliste qui le déçoit tant. Il exprime aussi ses désillusions politiques dans le Grand Dessein (1949).
(À suivre)
John Roderigo Dos Passos