CITATIONS AUTOUR DE L'ECRITURE (1)

"Le style, c'est l'homme même." (Buffon)

"Je sais que l'amant passionné de beau style s'expose à la haine des multitudes ; mais aucun respect humain, aucune fausse pudeur, aucune coalition, aucun suffrage universel ne me contraindront à parler le patois incomparable de ce siècle, ni à confondre l'encre avec la vertu." (Baudelaire).

"Il n'y a pas de plus profonde jouissance que la lecture d'un beau style." (Antoine Albalat).

"... nous ne vendons pas du succès à l'aune ; nous ne sommes pas des maîtres dans l'art de parvenir. On nous le reproche parfois. Eh bien, nous relevons fièrement ce reproche." (Alain).

"Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
  Et ne vous piquez point d'une folle vitesse ;
  [...]
  Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage,
  Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
  Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
  Ajoutez quelquefois, et souvent effacez, ..." (Boileau).

"Ce que je fais, ce n'est que la discipline d'une vie où aucun jour n'est férié. J'accomplis mon destin." (Pascal Quignard).

"... il n'existe pas de grand talent sans une grande volonté." (Balzac).

"La volonté peut et doit être un sujet d'orgueil bien plus que le talent." (Balzac).

"On oublie trop que l'art d'écrire contient des secrets, des procédés, des règles, des points de vue à suggérer, une tournure d'esprit à prendre, une façon de sentir, dont les débutants ne s'avisent pas et qu'on peut leur révéler, parce que ces choses conviennent à toutes les langues, à tous les styles, à tous les tempéraments." (Antoine Albalat).

"Il semble que la parole soit la seule prédestination de l'homme, et qu'il ait été créé pour enfanter des pensées, comme l'arbre pour enfanter son fruit. L'homme se tourmente jusqu'à ce qu'il ait produit au dehors ce qui le travaille au dedans. Sa parole écrite est comme un miroir dont il a besoin pour se connaître lui-même et pour s'assurer qu'il existe. Tant qu'il ne s'est pas vu dans ses œuvres, il ne se sent pas complètement vivant." (Lamartine). 

"J'ai toujours l'impression qu'un poids que je ne parviens jamais à écarter m'écrase et que c'est cela qui m'oblige à écrire." (Pa Kin).

"Écrire lui procure moins une jouissance qu'un répit à sa souffrance de vivre. L'épreuve lui est nécessaire, et même vitale. À défaut d'en ressortir heureux faute d'être doué pour le bonheur, il [Stefan Zweig] en revient toujours fortifié. La création est un exercice salutaire, et un rempart, fragile, contre l'angoisse de vivre." (Dominique Bona).

"Les romanciers actuels, avec leur psychologie et leur sociologie, ont déclaré la guerre au récit qu'ils considèrent comme une institution périmée. Je persiste à croire que la mission de la littérature est de raconter une histoire qui suscite une tension, et que le lecteur en commençant sa lecture ne doit pas déjà en connaître la fin." (Isaac Bashevis Singer).

"Il avait vu tant d'esprits brillants écrire comme des sous-doués, tant de gens fous de littérature, intelligents, cultivés, modestes, passionnés, qui refaisaient cent fois la même phrase pâteuse, irreconnaissable, sans pouvoir aller plus loin... Et encore, rares étaient ceux qui s'en rendaient compte..." (Françoise Sagan).

 

"La Liseuse" (1772) de Jean Honoré Fragonard.

 

CITATIONS AUTOUR DE L'EDITION

"Ne publier que des œuvres où s'attestait la plus pure volonté d'art dans une forme impeccable [...] Rien ne devait s'y imprimer conformément aux principes professionnels en usage : il fallait au contraire donner à chaque ouvrage une forme extérieure qui répondît à l'excellence de son contenu [...] tout, même dans les détails infimes, avait l'ambition d'être exemplaire [...] la plus haute qualité était d'emblée posée comme seule mesure de la valeur d'une œuvre..." (Stefan Zweig).

"Le goût est la faculté de sentir les beautés et les défauts d'un ouvrage." (Antoine Albalat).

"Le goût suppose de la sensibilité, de l'imagination, de l'esprit, du sentiment et surtout de la délicatesse." (Antoine Albalat).

"... la plus haute qualité était d'emblée posée comme seule mesure de la valeur d'une œuvre..." (Stefan Zweig).

"La Liseuse" (1861) de Henri Fantin-Latour.

 

"LES CONQUERANTS" DE JOSE MARIA DE HEREDIA

  "Les Conquérants

 

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;

Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles."

(José Maria de Heredia).

 

(Présenté par Améthyste)

 

 

                                                  "Séducteur" (1952) de René Magritte.

"PECHEUR DANS UNE GROTTE..." DE C.E. MORGENSTERN

Christian Ernst Morgenstern, peintre allemand du XIX^e siècle, était le fils d'un miniaturiste. Après un court séjour à l'Académie de Copenhague, au Danemark, il fit plusieurs voyages d'études et découvrit que ses aspirations artistiques l'entraînaient vers la peinture des panoramas.

 

Il décida de résider à Munich, en Allemagne, où il devint, à trente-sept ans, Membre Honoraire de l'Académie. Il entreprit encore de nombreux voyages et fut l'un des premiers artistes à peindre les paysages des landes marécageuses de Dachau où il alla régulièrement jusqu'aux ultimes jours de sa vie.

 

Christian Ernst Morgenstern se rendait souvent à Helgoland et il réalisa cette toile d'une grotte emplie de mystère dont les énormes parois offrent un refuge idéal. Les tons dégradés de l'eau, les nuages nimbant le soleil, les roches rougeoyant sous l'effet du feu allumé par le pêcheur, tout est minutieusement peint...

                    "Pêcheur dans une grotte, Helgoland" (1850)

                             de Christian Ernst Morgenstern.

DIVIN VICTOR HUGO !

Andreï Makine, romancier d'origine russe (né en 1957, Sibérie) et vivant en France depuis 1987, relate dans le Testament français une anecdote pleine d'un humour assez insolent ma foi, relevée au cours d'une conversation entre l'adepte de poésie intemporelle Leconte de Lisle, rassembleur des écrivains qui constituèrent l'école parnassienne, et l'immense Victor Hugo :

 

"... Victor Hugo, patriarche grisonnant et mélancolique, rencontrait sous le dais d'un parc Leconte de Lisle. "Savez-vous à quoi j'étais en train de penser ?" demandait le patriarche. Et devant l'embarras de son interlocuteur, il déclarait avec emphase : "Je pensais à ce que je dirai à Dieu quand, très bientôt peut-être, je rejoindrai son royaume..." C'est alors que Leconte de Lisle, ironique et respectueux à la fois, affirmait avec conviction : "Oh, vous lui direz : "Cher confrère...".

 

(Bibliographie : le Testament français d'Andreï Makine. Éditions Mercure de France, Paris, 1995).

 

 

                      
     Victor Hugo par Rodin.