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25/11/2012

"HARMONIE DU SOIR" DE BAUDELAIRE

 "Harmonie du soir


Voici le temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige.


Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;


Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !"

(Charles Baudelaire. Extrait des Fleurs du mal).

(Présenté par Améthyste)  

 

windflowers_waterhouse_1.jpg

                     "Windflowers" de John William Waterhouse.

22/11/2012

CHANTS D'AUTOMNE DE CHRISTIAN JOUGLA

 

Parmi les cinq nouvelles composant l'ouvrage, paru récemment, de Christian JOUGLA, CHANTS D'AUTOMNE,  j'ai souhaité vous présenter, aujourd'hui, chers Lecteurs, le Manuscrit (Édition La Clef d'Argent).  

 

Un étrange bouquiniste, "des lueurs d'inquiétude dans le regard", remet à Pierre Verdier, assistant universitaire, des feuillets poussiéreux relatant, selon ses dires, une histoire authentique : au XIXe siècle, trois prêtres, hébergés par le Père Fraïsse, l'un des auteurs du manuscrit, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, "entre Méditerranée et Vaccarès", ont en charge une mystérieuse mission. Un seul d'entre eux, l'ascétique abbé Moldovan, "savant incontestable", est conscient de la survivance du "terrible culte paganiste de Mithra sur les terres sauvages de Camargue, où les taureaux rois mugissaient parfois à l'unisson, tournant leur tête magnifique vers l'est quelques instants avant l'aube. Incantation brutale et sublime adressée à leurs anciens dieux."

 

Christian Jougla amène le lecteur aux portes de la bouvine, "république des taureaux, univers bardé de traditions et de non-dit", à la rencontre de "deux clans : celui des manadiers, des gardians... et celui des raseteurs..., deux camps souvent antagonistes et nécessaires l'un à l'autre."

 

Avec cette nouvelle, récit d'épouvante mythique qui laisse sourdre une atmosphère oppressante, l'auteur excelle, une fois de plus, dans la littérature fantastique.

 

(Présenté par Améthyste)

 

                                         

16/11/2012

"LA CALOMNIE D'APELLE" DE BOTTICELLI

 

Faisons une courte pause dans "la Peinture à travers les âges", si vous le voulez bien, pour rendre visite à Botticelli qui s'inspira de l'injustice subie par Apelle, peintre grec de l'Antiquité emprisonné pour une faute qu'il n'avait pas commise et auteur d'une peinture intitulée "la Calomnie" (ainsi que nous l'avons vu dans un précédent article, "Apelle, peintre grec du IVe siècle av. J.-C."), pour réaliser à son tour, vers 1495, une œuvre allégorique représentant la calomnie et autres vils sentiments et actes.



Ce tableau de Botticelli "surprend par son format relativement réduit (62 x 91 cm) ainsi que par la technique employée dont la finesse rappelle celle des miniatures."

 

Dans une salle ouverte, abondamment décorée de bas-reliefs et de sculptures, le roi, à droite de la toile, siège sur un trône. À ses côtés, les allégories du Soupçon et de l'Ignorance lui soufflent perfidement des ragots dans ses oreilles d'âne, symboles de sa sottise et de son manque de réflexion. Ses yeux sont fermés, refusant de voir la vérité et la justice. Il tend la main pour désigner au hasard qui prendra la parole.


La personnification de la Haine, un homme vêtu d'un vêtement sombre, tend agressivement le bras. Sa main, d'une longueur disproportionnée, veut frôler celle du monarque afin d'obtenir l'autorisation de déverser ses paroles haineuses. De l'autre main, il enserre fermement le bras de la Calomnie qui porte, de sa main droite, une torche symbole des mensonges qu'elle répand sur son passage. De la main gauche, l'allégorie de la Calomnie traîne sur le sol, en le tirant par les cheveux, sa victime, un adolescent à demi dévêtu dont la nudité rappelle l'innocence. Il joint vainement les mains suppliant d'être libéré.


Derrière la Calomnie, ses deux servantes, la Fourberie et la Fraude, revêtant l'apparence trompeuse de deux belles jeunes femmes, tressent les cheveux de leur maîtresse, les ornent hypocritement d'un ruban blanc et de roses symbolisant la pureté et l'innocence pour masquer ses mensonges. 



Plus loin, le Repentir est représenté par une personne très âgée, habillée d'une cape noire sur des vêtements déchirés. Elle se tourne avec un rictus vers le dernier personnage féminin, à gauche, l'allégorie de la Vérité, d'une beauté parfaite dans sa nudité intégrale, et qui me fait songer à la magnifique déesse peinte par Botticelli, dix ans plus tôt, lorsqu'il réalisa "la Naissance de Vénus". La superbe Vérité "fait un signe avec l'index de sa main droite pointé vers le haut, vers les Puissances dont on doit attendre le dernier jugement sur le mensonge et la vérité. Sans se préoccuper de ce que font les autres, tous en mouvement vers le roi, et donc totalement isolée d'eux, elle manifeste ainsi sa constance incorruptible."

 

(Bibliographie : Botticelli par Barbara Deimling. Édition particulière pour Le Monde. Taschen GmbH, 2005).

 

(Écrit par Améthyste)


 

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                       "La Calomnie d'Apelle" (vers 1495) de Botticelli.

 

07/11/2012

APELLE, PEINTRE GREC DU IVe SIECLE AV. J.-C.

LA PEINTURE À TRAVERS LES ÂGES

 

 


Neuvième partie : APELLE, CÉLÈBRE PEINTRE DE L'ANTIQUITÉ

 



Si Apelle, peintre grec du IVe siècle avant notre ère, sort de l'anonymat qui, jusqu'à cet article de la série "La Peinture à travers les âges", recouvrait ici d'ombre les artistes évoqués par leurs seules réalisations, les œuvres d'Apelle, en revanche, ont toutes été perdues. Toutefois, nous les connaissons par la description qu'en fera le philosophe grec et grand voyageur Lucien de Samosate, deux siècles plus tard, dans ses Dialogues.

 



Une des peintures d'Apelle dont le souvenir persiste est "La Calomnie", allégorie née à la suite d'une injustice qui le frappa. Le peintre Antiphilos, très envieux et beaucoup moins doué que son confrère Apelle, accusa ce dernier d'avoir participé à une émeute dirigée contre le roi Ptolémée, les deux peintres travaillant à la cour. Apelle fut retenu prisonnier jusqu'à ce que l'un des vrais meneurs eût apporté la preuve de l'innocence du peintre.

 

 

Ptolémée réhabilita Apelle et lui donna son collègue Antiphilos comme esclave. Apelle qui ne parvenait pas à dominer les craintes suscitées par l'injustice dont il avait été victime, conçut "La Calomnie".

 


Avant que deux millénaires ne se soient écoulés, Botticelli réalisera, vers 1495, "La Calomnie d'Apelle" dont je vous parlerai très prochainement. Ingres, en 1827, dans sa toile "L'Apothéose d'Homère" représentera Apelle qui d'une main conduit Raphaël et de l'autre main tient ses pinceaux et sa palette.

 


Mais retrouvons Apelle que Philippe II, père d'Alexandre III le Grand, manda à la cour de Macédoine. Notre peintre devint le portraitiste et l'ami d'Alexandre. Ne pouvant vous présenter aucune œuvre d'Apelle, j'ai choisi une mosaïque romaine, réalisée 100 ans avant notre ère, représentant Alexandre le Grand. J'aime imaginer que les artistes se sont inspirés des portraits peints par Apelle trois siècles plus tôt.

 


(Bibliographie : Botticelli par Barbara Deimling. Édition particulière pour Le Monde. Taschen GmbH, 2005).

 

(Écrit par Améthyste).

 

(À suivre).

 alexandre_mosaique.jpg


                     Alexandre le Grand sur son cheval Bucéphale
          (détail de la mosaïque romaine de Pompéi, 100 ans av. J.-C.,
représentant la bataille d'Issos, Musée national archéologique de Naples).

 

03/11/2012

POLYGNOTE, PEINTRE GREC DU Ve SIECLE AV. J.-C.

LA PEINTURE À TRAVERS LES ÂGES

 

 

Huitième partie : POLYGNOTE, LE FONDATEUR DE LA PEINTURE MURALE GRECQUE

 


L'écrivain latin Pline et le géographe grec Pausanias décrivirent, respectivement cinq et six siècles plus tard, les œuvres de Polygnote, peintre grec du Ve siècle avant notre ère, dont toutes les fresques furent détruites au cours des ans. Il est considéré comme le fondateur de la peinture murale grecque. Pline l'Ancien écrit dans Histoire Naturelle (XXXV, 59) :

"C'est [Polygnote] qui a peint [...] le portique à Athènes que l'on appelle Poecile : cela gratuitement, tandis que Micron, qui en peignit une partie, se fit payer."

 


Polygnote fut à l'origine du rendu des expressions. Il sut reproduire les transparences et maîtriser aussi le rendu de l'espace en créant des plans différents. Quelques-unes de ses œuvres ont survécu aux incendies et autres destructions comme ce vase, un lécythe funéraire, destiné à recevoir l'huile parfumée, représentant "Thésée enlevant Hélène" - Thésée, le roi légendaire d'Athènes qui inspira nombre de poètes tragiques et d'écrivains : Sophocle, Euripide, Boccace, Geoffrey Chaucer, Robert Garnier, Corneille, Racine, Gabriele D'Annunzio, André Gide -.

(Bibliographie : La Grèce antique par Stefania Ratto, traduit de l'italien par Todaro Tradito. Éditions Hazan, Paris, 2007).

 

(Écrit par Améthyste)

 

(À suivre).

 

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                         "Thésée enlevant Hélène" par Polygnote
                        (Musée national archéologique d'Athènes).