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29/07/2012

REMERCIEMENTS A MARIANNE SCHUMACHER

Que Marianne Schumacher, artiste plasticienne, qui a conçu les illustrations de mes livres, soit remerciée pour toutes les attentions qu'elle a la gentillesse de réserver à ce blog et qu'elle sache combien j'apprécie son talent et sa précieuse collaboration à mes ouvrages.

 

Marianne Schumacher, illustration, livres, Christian Jougla, fantastique, gothique

 

QUELQUES AUTRES EXTRAITS DE L'ABIME

LES CHÊNES :


"Vers les onze heures, le rassemblement du plan, maintenant réduit, se déplaça sur la muraille. Le bourdonnement des tronçonneuses montait plus fort, plus aigu, parfois, semblait-il, accompagné d'un cri de souffrance, les branches maîtresses s'effondraient avec un bruit sourd de membres arrachés, des images d'anciens supplices, écartèlement, roue, os rompus, assaillaient les cerveaux. Un vent violent s'éleva brusquement, pareil à une clameur de haine, empli d'odeurs de forêts dévastées et de sacrilège. Ils partirent, selon la rituelle habitude, à midi sonné, navrés, simulant ne rien comprendre alors qu'ils savaient tout, marchant vers la gamelle en cortège d'enterrement. Marc se rappelle qu'il resta seul, figé par l'émotion, une douleur vive au creux de l'estomac, offrant au Gouffre dénaturé, aux chênes mutilés et bientôt abattus, un moment de silence, une première compassion." 



VISIONS :


"Il contemple le ciel. De grands éclairs silencieux, des nuages pareils à des montagnes se meuvent lentement, dômes et coupoles, tours du zénith, corniches au-delà du vertige se superposent vers les empires de l'éternité et de la nuit. Parfois un éclair plus puissant que les autres, sans doute le regard d'un dieu, laisse deviner en d'ultimes abîmes, dans le lointain des millénaires, des constellations inconnues et des chiffres maléfiques. Puis un Pierrot cherchant la lune se montre derrière les carreaux, il questionne du regard l'archéologue avant que deux grosses larmes semblables à des limaces ne coulent sur son masque de cire."

 

 

 

 

DANIEL LAFONT, OCCITANISTE DE TALENT

Un Occitaniste de talent veille...


Il m'arrive parfois de glisser dans mes livres une expression occitane. Apparaît à ce moment-là, Daniel Lafont, homme de vivante Culture qui veille sur ma plume dans les méandres de l'occitan, langue tant aimée des troubadours.

 

Initiateur et cheville ouvrière du Cercle "Tega-los !", animateur de cours d'occitan, Daniel Lafont est auteur d'articles littéraires et historiques publiés dans le Bulletin du Groupe de Recherches et d'Études du Clermontais (G.R.E.C.).

 


Pendant une dizaine d'années, lecteur de français et d'occitan à l'Université J.-W. Goethe de Francfort-sur-le-Main (Hesse, Allemagne), il est actuellement enseignant et formateur dans les écoles "Calandretas" (Écoles occitanes bilingues) au sein desquelles il milite activement.



 

 

Daniel Lafont a participé à de multiples émissions littéraires, thématiques et ethnologiques sur T.V. HR 3, Hessisches Rundfunk - R.F.A., Radio Clapàs, Radio Pays d'Hérault, etc. Il est à l'origine de nombreuses Rencontres culturelles. De plus, il se révèle être un Conteur de talent pour petits et grands.


 

 

J'ajouterai que la ressemblance de Daniel Lafont avec Claude Monet est frappante, particulièrement dans ce portrait, ainsi vous connaîtrez mieux cet érudit et bienveillant ami.

 

daniel lafont,occitaniste


                                                Portrait de Claude Monet par Nadar.

 

AUTRES EXTRAITS DE L'ABIME

LA MALADRERIE :


"Cette odeur persistante, méphitique, si tenace que toutes les bourrasques du monde ne peuvent la chasser... les siècles inlassablement nous transmettent cette puanteur, l'âme de la lèpre imprègne toujours ces lieux, elle perpétue l'horreur ancienne, l'effroi médiéval... Voyez-vous ces zones d'ombre malgré les éclairages modernes ? De terribles douleurs les hantent à jamais, les luminaires n'y peuvent rien. Observez comme les ténèbres s'épaississent par endroits. Les Basses-Fosses... Plus personne depuis belle lurette n'habite ce passage bâti de maisons tout en rez-de-chaussée, aux murs rongés par le salpêtre, des murs lépreux, le sol de terre battue avec d'éternelles flaques croupissantes, des ombres inquiétantes et des bourbiers aux endroits que ne touche jamais le soleil."


LES VÉTÉRANS :


"Les poilus, arme à l'épaule, trouvèrent rapidement le pas militaire, le miracle se produisait, ils se détachaient des curieux attirés par un fait divers sanglant, et avançaient en cadence, ailleurs, sur les grands boulevards de l'Histoire à la rencontre de leur périlleuse jeunesse. Dorgelès et Barbusse chantaient leurs hauts faits, les cuivres de la gloire couvraient les vaines conversations, ils marchaient altiers et plus de mille fois morts au Chemin des Dames, à la tranchée des baïonnettes. Ils marchaient avec des millions de fantômes ressuscités des terres de l'Est ou des frontières flamandes, visages d'antan, frères d'armes qu'ils pensaient oubliés à jamais mais cheminant tout à coup à leur côté. Saint-Vigelle, bouleversé par cette foulée "scandée", abandonna les premiers rangs, les gendarmes, tout ce que l'on voudra, pour se placer à la tête de ses vétérans. Seul un éclair dans les yeux, au-delà de toutes les péroraisons, accueillit la venue du chef reconnu par la troupe. Ils marchaient, ultime parade, en larmes, la tête emplie de leur légende. Ils marchaient, ils marchaient encore, ils marcheraient toujours aux accents de l'épopée, de l'émotion, des admirations futures, eux, les vainqueurs d'un peuple redouté des Romains, eux, les héros de la Grande Guerre, "la der des der". Ils marchaient et presque à l'unisson levaient la tête vers le ciel, répondant d'un sourire fraternel au salut des archanges." 


 

 

PREFACE DE L'ABIME PAR JEAN-CLAUDE PASTOR

Avec L'ABÎME, Christian JOUGLA excelle une fois encore, après Mandorgues, dans le genre gothique. Les promenades et discussions nocturnes du Docteur Morandi et de Maître Chevillon nous renvoient à nos doutes ; elles dévoilent la face obscure de l'imaginaire et de nos interrogations, bien au-delà du cartésianisme.

 

Effrène, le gouffre, les venelles constituent la scène d'un théâtre où évoluent des personnages pittoresques, amers, hors normes, hallucinés...


L'auteur a emprunté les traits, les modes de vie, le quotidien de ces populations rurales viticoles des années 50 tant et si bien que nous les croyons ressuscitées. La farce et la tragédie de Birounet, le combat de Lampilas, hauts faits rustiques et orgueil du village, nourrissent la jalousie des localités voisines.



Pourtant tout n'est pas glorieux, "combinaisons, manipulations, magouilles" se jouent de l'opinion et l'on "achètera avec des peccadilles, des riens, du vent" l'opinion de ces naïfs.



L'ABÎME, c'est le témoignage d'un écrivain attaché à ses personnages mais aussi aux espaces, à ces vignes qui disparaissent alors que les citadins, sans racines, sans respect pour la ruralité, investissent brutalement les lieux, effaçant peut-être à jamais un monde qu'ils ne comprennent pas.

Ce livre de Christian JOUGLA, générateur de réflexion, exprime, au-delà de la nostalgie, le témoignage terrifiant d'une époque, inspiré par la Nature dangereusement désacralisée parce qu'éternelle.


Jean-Claude PASTOR.