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29/07/2012

QUELQUES EXTRAITS DE MANDORGUES

LES LOUPS :

 


"Soudain, une incantation funeste s'éleva de la terre vers le ciel, elle semblait provenir de tous les coins de l'horizon : le chant des loups ! Cette mélopée millénaire, par les effets d'une puissante magie, projeta avec une brutalité inouïe le petit groupe des siècles en arrière, au milieu des terreurs et des superstitions des âges enfuis...

 

Chacun se blottit précipitamment dans la carriole, les fanaux accrochés aux deux "tempes" furent allumés. On dut attendre Tambour ; le chien abâtardi parut enfin, geignant et tremblant...".

 

 

 

 "LA TEMPÊTE" :


"Une détonation venue d'un autre monde écartela le ciel et, à coups de catapulte, la grêle tomba. La maison, geignant, pleurant dans des silences d'apocalypse, menaçait à tout instant de s'effondrer. La tempête n'oublia pas qu'elle était fille du déluge, des torrents d'eau accompagnaient la grêle et le vent.

À la faveur d'éclairs discontinus apparut le maelström gigantesque animé par les furies qui s'abattaient sur les collines. Devant la porte, des ravines se transformaient en torrents...".

 

 

D'AUTRES EXTRAITS DE MANDORGUES

LE CHOLÉRA :


"... il savait à présent qu'il ne verrait pas l'aube prochaine. C'est ainsi que meurent les pauvres gens, se dit-il, après tout tant mieux. Jacques agonisait. Bientôt le halo blanc de résignation et d'oubli accordé aux humbles les recouvrirait. Le chien de berger hurla mais ne réveilla pas les deux aînés écrasés de fatigue et de malnutrition. Plus tard, les bêlements continus et douloureux des brebis demandant la traite les tireraient du sommeil. La maladie, tapie depuis quelque temps à Lamalou et à Villecelle, se transforma rapidement en fléau virulent et contamina tout le pays...".

 


LE RITE DRUIDIQUE :



"Les druides des temps pré-chrétiens, quelques fidèles se rassemblaient comme en cette nuit avant l'aurore. Ils étaient terrifiés... Pourquoi ?... Cette vision rémanente resterait donc inexpliquée. Pour lui, tout était fini. Il savait qu'une autre connaissance plus ancienne, plus puissante, se dissimulait derrière la cérémonie celtique et bien plus tard derrière les anodins feux de la Saint-Jean. Peu importait... Des images passaient, s'évanouissaient dans la nuit...".

 

 

 

EXTRAITS DE MANDORGUES

LE BOUT DU MONDE 

 

"Entre les nuages et le ciel, sur le sommet le plus élevé et sous la tutelle d'une falaise immense, un bout du monde : Mandorgues.

 

La route s'arrête ici, le temps aussi ! Mandorgues en dehors du monde, de l'Histoire et sans doute bien au-delà. Mandorgues, c'est une population de trois cents habitants environ, quelques maisons entièrement construites en lauzes tellement basses, tellement accroupies, tellement humbles qu'elles semblent vouloir disparaître sous le sol. Le village est entouré de maigres champs et de splendeurs..."

 


LA BARAGOGNE 


"... la forteresse attirerait les forces noires comme le paratonnerre la foudre... Ainsi, lors de funestes configurations astrales, les cycles s'interpénètrent provoquant sur Mandorgues des séries de catastrophes inexplicables parce que surnaturelles, puis les choses se calment... un certain temps !


Cet univers fantastique, hostile, redoutable, c'est le royaume de la Baragogne.
Elle habite tout en haut à côté des cloches, la tête dans le ciel mais les pieds dans cet enfer. A-t-elle un nom ? Nul ne s'en souvient..."

 

 

 

AUTOUR DE MANDORGUES

 

Dans MANDORGUES, la peinture du massif rocheux ciselé, ruiniforme, du Caroux, des contrées forestières de l'Espinouse, s'élevant aux environs de 1100 mètres, tranche brutalement avec les zones moins "féroces" qui s'étendent vers les plaines littorales. Il s'agit d'un environnement étrange que rien n'a changé et que, sans doute, rien ne peut changer.

 

On découvre, au hasard des randonnées, des reposoirs, des oratoires, des chapelles abandonnées ; parfois, la forêt généreusement s'entrouvre, laisse apercevoir un mas moribond ou un hameau désert, derniers vestiges d'un monde disparu. Les Cévennes à l'est, à l'ouest la Montagne Noire, et au nord le Marcou entourent cette région d'une hautaine vigilance.

 

Les végétations, selon les versants, méditerranéennes, buissonneuses et tourmentées, cèdent la place à des résineux regroupés, impénétrables, semblables à une grande armée, puis les roches blanchâtres ou scintillantes selon l'humeur du soleil relaient la futaie. De profondes gorges, cicatrices "d'outre-temps", traversent cet univers oublié ; on y entend le murmure de rivières sans nom, de ruisseaux inconnus qui rejoignent, en bas dans la vallée, les flots.

 

Le contraste est saisissant entre les terroirs de sécheresse occitane, de calcaires, de garrigues qui, en quelques mètres, se griment en forêt septentrionale d'où émergent d'énormes granits. Encore plus troublant, au cœur de l'été, lorsque l'on observe avec inquiétude la baisse des sources, d'entendre ces eaux glougloutantes, vives, continuer leur habituel dialogue avec le vent des Grands Causses.

 

Enfin, ce pays au milieu de tant d'autres ne ressemble à nul autre. Il a la beauté des choses singulières, la nostalgie des sites ignorés ; on perçoit parfois, lointains, informulés, un adieu, une plainte, sans doute un "à bientôt".

 

Christian JOUGLA.  

MANDORGUES

"Entre les nuages et le ciel, sur le sommet le plus élevé et sous la tutelle d'une falaise immense, un bout du monde : Mandorgues." Dans un village imaginaire de l'arrière-pays héraultais, dominé par son clocher, "construction colossale et démentielle", sévit, en ce XIXe siècle, la Baragogne, simple rebouteuse ou peut-être "grande prêtresse d'un culte inconnu et redoutable". Disséminés dans la zone bourgeoise du hameau, dans l'androna et les trois planots, dans les humbles venelles, des personnages aux caractères indomptés, d'autres aux comportements sordides, sont  confrontés à un carrousel fantastique, qui va crescendo au fil des pages, chaque événement réveillant les "terreurs et les superstitions des âges enfuis", tel le retour des loups, disparus de la région depuis un siècle...

 

Christian JOUGLA, dans une écriture très littéraire riche de descriptions fouillées, cisèle de véritables morceaux d'anthologie : la tempête dévastatrice s'abattant sur les champs, les collines et les forêts du Mandorgois..., les évocations, après la cérémonie celtique dans la forêt sacrée du Bois des Essarts, des quatre rescapés d'épreuves initiatiques..., la veillée funèbre accompagnée d'une symphonie barbare, complainte d'une vielle et mélopée des loups...

 

Ce livre, où l'on pénètre dans Mandorgues des brumes et des nuages, haut lieu de l'ésotérisme, mais aussi berceau de croyances populaires millénaires, se situe au carrefour de l'irrationnel et de la raison, de la création fantastique et de la réflexion. Une œuvre d'une conception envoûtante.

 

Éditions des Ateliers de la licorne.