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23/03/2013

"L'ORAGE"OU "LA CHARRETTE EMBOURBEE" DE FRAGONARD

Jean Honoré Fragonard (1732-1806), peintre et graveur français, fut l'élève de Boucher à Paris. Prix de Rome à vingt ans, il s'imprégna de l'art italien. Il étudia Rembrandt, Hals, Rubens et décora des hôtels particuliers.


Ce virtuose, peintre de l'amour, dont les scènes galantes irradient la joie de vivre, savait aussi peindre avec passion le désordre, la confusion, la peur ainsi qu'il le prouve dans "L'Orage" ou "La Charrette embourbée".


Tandis que la fureur des éléments se déchaîne, bergers et bouviers luttent contre l'orage menaçant. Par touches floconneuses, Fragonard mêle les cieux tourmentés, les nuages sombres annonciateurs d'un évènement effrayant, et les faibles moutons affolés. La bâche qui tente de s'envoler pour échapper au cataclysme proche intensifie ce désordre.


Il me semble entendre les encouragements des hommes à leurs bêtes, les bêlements, les aboiements, les meuglements et, dominant toute cette confusion, les sinistres grondements des cieux en colère, amplifiés par de sauvages bourrasques.

 

(Écrit par Améthyste)

 

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  "L'Orage" ou "La Charrette embourbée" (vers 1759) de Jean Honoré Fragonard.

 

16/03/2013

HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC

Toulouse-Lautrec (1864-1901)



Infirme dès l'âge de quatorze ans suite à une maladie osseuse et à deux chutes accompagnées de fractures, ce peintre et lithographe français tentera avec une énergie farouche de dominer un tragique destin.



Il cherche ses modèles à Montmartre, dans les cabarets, les maisons closes, au cirque et aux courses. Il est influencé par Degas, par l'impressionnisme et les estampes japonaises mais son œuvre reste unique grâce à la qualité de son dessin incisif, fulgurant. Toulouse-Lautrec, rénovateur de l'art de la lithographie, est aussi reconnu comme l'un des pères de l'affiche moderne. Parfois, il se détend... avec originalité :



"Lautrec venait de dépasser la trentaine. Il poursuivait sa course folle, haletante. Ses seuls moments de détente se plaçaient durant l'été, quand il allait "se radouber" - comme il disait - sur les plages du bassin d'Arcachon. On l'y voyait marcher en se dandinant, suivi d'un cormoran qu'il tenait en laisse et auquel il faisait servir des absinthes dans les cafés. Vacances qui eussent été à peu près sages si Lautrec ne fut allé "se retremper en famille" à Bordeaux dans les maisons hospitalières de la rue de Pessac..." (Henri Perruchot). 

 

Les dernières années de celui qui se dit "un suicidé moral" sont extrêmement douloureuses. Il boit énormément. À trente-cinq ans, terrassé par une crise de delirium tremens, il est interné pendant trois mois dans un asile de Neuilly. En 1901, la paralysie gagne peu à peu tout son corps. Il ne peut plus peindre ni marcher. Il ne se nourrit plus et attend la mort.



"La vie de Toulouse-Lautrec fut aussi courte que celle de Van Gogh. Le peintre du Moulin Rouge mourut, comme le peintre des tournesols, à trente-sept ans , âge qui semble fatidique pour nombre de grands artistes; c'est également à trente-sept ans que disparurent Raphaël et Watteau.


Vie courte, vie fiévreuse que celle de Toulouse-Lautrec; vie magnifique et misérable, illuminée des sombres feux du malheur et de ceux, éclatants, du génie. Du malheur, oui ! car ce fut aussi, et cela on le sait moins, une vie marquée par le désespoir."

(Henri Perruchot).



(Bibliographie : Toulouse-Lautrec par Gérard Bauër, de l'académie Goncourt, Pierre Mac Orlan, de l'académie Goncourt, Jean Adhémar, Paul Colin, Jean-Gabriel Domergue, Mme G. Dortu, Édouard Julien, Henri Perruchot, Maurice Rheims, Claude Roger-Marx - Librairie Hachette et Société d'Études et de Publications Économiques, 1962).

 

(Écrit par Améthyste) 

 

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                "Jane Avril sortant du Moulin Rouge" (1892) par Toulouse-Lautrec.

              

22/02/2013

"CONSTRUCTION DU PONT DU DIABLE" DE K. BLECHEN

Karl Blechen (1798-1840), peintre allemand, fut pendant plusieurs années caissier dans une banque. Puis il décida de s'inscrire à l'Académie de Berlin. Deux peintres, Johann Christian Clausen Dahl et Caspar David Friedrich, l'aidèrent à se découvrir dans cette voie artistique dont il rêvait.


"Sans relâche, Blechen s'efforçait de pénétrer dans l'essence même de la nature. Le tragique de son existence de peintre fut bien cette recherche vers une profondeur toujours plus grande du sentiment, de l'émotion et de la simplicité de la nature, s'acharnant ainsi à peindre à contre-courant du goût de son époque."

 

 Le désintérêt du public pour ses toiles le plongea dans un grave état dépressif qui le conduisit à la folie. L'œuvre de ce maître du paysagisme dans le Romantisme allemand ne sera reconnue que par d'autres générations.

 

(Bibliographie : La Peinture Romantique par Horst Koch. Texte français de Pierre Crèvecœur. Berghaus Verlag, 1985).

 

(Écrit par Améthyste) 

 

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      "Construction du Pont du Diable" (vers 1830) de Karl Blechen.

"LE BARDE" DE JOHN MARTIN

"Le Barde" (1817) de John Martin, peintre et graveur anglais, représente à mes yeux un univers de vertige.

 

Cette œuvre est inspirée d'une ode de Thomas Gray et emprunte son décor au romantisme gothique des écrivains : châteaux hantés, torrents furieux et sommets inaccessibles. L'ode de Gray célèbre les bardes du pays de Galles, qui furent tous exterminés, au XIIIe siècle, par Édouard Ier Plantagenêt.

 



Au premier plan de ce tableau, des chutes d'eau d'une merveilleuse transparence bleutée s'élancent vers le spectateur. À gauche, l'armée anglaise, à cheval, serpente tout au long d'un chemin taillé à flanc de montagne. À droite, debout sur l'un des rocs géants, un barde, le dernier gardien des traditions séculaires du pays de Galles, profère une malédiction, qui se réalisera avec la mort de Charlotte, princesse de Galles et fille unique de George IV. Au loin, des arbres, monstrueusement tordus, et un château cachent le bas du Snowdon, la montagne sacrée des Gallois. Des nuages translucides, teintés du gris des sommets rocheux, s'opposent à la limpidité des chutes d'eau.

 


Vertige face au défilé interminable de cette armée avançant inexorablement, vertige face au barde visionnaire, désormais solitaire, dont les uniques biens sont des poèmes et des chants, mais que la force de la malédiction rend invincible, vertige éprouvé devant ces torrents qui ont peut-être englouti des rivières de sang, vertige face à ce château hanté, à cette montagne au mystère écrasant.

 


"Le Barde", avec la majesté de son décor, participe à la souffrance de l'homme, seul survivant de sa "confrérie", hurlant son désespoir au travers de paroles prophétiques.

 


(Bibliographie : L'Aventure de l'Art au XIXe siècle sous la direction de Jean-Louis Ferrier avec la collaboration de Sophie Monneret, Éditions du Chêne, 1991).

 

(Écrit par Améthyste)


 

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                              "Le Barde" (1817) de John Martin.
 

17/10/2012

"LE CHAMP DE BLE AUX CORBEAUX" DE VAN GOGH

En  quittant Auvers-sur-Oise, nichée dans une vallée, le promeneur atteint un plateau, la plaine des blés, où Vincent Van Gogh peint des champs de blés mouvants. Ses toiles laissent éclater leurs couleurs : l'émerveillement des jaunes lumineux, les cris hardis des verts vifs, la mélancolie des nuages bleutés, la souffrance des ciels d'un bleu profond emplis de tourbillons, l'angoisse du peintre symbolisée par le vol des corbeaux noirs comme les ténèbres d'un désespoir où il sombre chaque jour davantage, seul, sans pourtant que son génie en souffre.

 

Lorsque Van Gogh se tire une balle dans la poitrine, c'est dans sa chambre mansardée qu'il veut mourir, près de Théo, son frère, son protecteur et l'acheteur de ses tableaux. Théo meurt un an plus tard, après avoir sombré, lui aussi, dans la folie.

 

(Écrit par Améthyste)

 

 

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                           "Le Champ de blé aux corbeaux" (1890) de Vincent Van Gogh.

                                               (Van Gogh Museum, Amsterdam)